Dans le ventre du Moulin plonge dans les coulisses du Moulin à images, l'un des temps forts du 400e de Québec. Pour leur fresque historique, Robert Lepage et Ex Machina ont inventé un nouveau langage. Mariano Franco et Marie Belzil suivent les derniers préparatifs avec leur film Dans le ventre du Moulin.

Dans le ventre du Moulin, mais aussi dans l'antre de l'homme de théâtre, Robert Lepage: le documentaire amène les spectateurs sur les chemins de la création de l'ambitieux projet du Moulin à images. «C'était un événement historique: c'est la première fois que l'on faisait un projet de cette ampleur», dit Mariano Franco.

Imaginez plutôt: un silo de 600 mètres prend vie grâce aux projections architecturales. «Ce n'est pas un film, c'est un nouveau médium. On savait qu'il n'allait pas y avoir de narration. Cela se compare peut-être à un grand film d'animation impressionniste. Ceux qui connaissent Robert Lepage reconnaissent sa façon si inventive de jouer avec l'image», dit Marie Belzil.

Employée dans l'équipe créative de Lepage, Marie Belzil a tout de suite eu le sentiment de participer à «une aventure extraordinaire». «On s'attaquait à des choses jamais réalisées avant, faites à la façon de Robert Lepage. C'est quelqu'un toujours en éveil, et il faut toujours s'adapter, les choses sont en constante évolution même si c'est une entreprise super lourde.»

Coréalisateurs de Tais-toi jaloux, conjoints dans la vie, Mariano Franco et Marie Belzil ont très vite eu l'envie de laisser un témoignage sur une entreprise gigantesque et éphémère. «On voulait montrer la façon dont tout le monde travaillait pour les 400 ans de Québec», dit Mariano Franco.

Dans le ventre du Moulin démarre trois mois avant la première: la machine est déjà en marche, mais beaucoup reste à faire. Le film suit les fils qui se nouent, les discussions et essais-erreurs des concepteurs, artisans et artistes. «C'est un choix, car c'est un sujet plate souvent, le «making-of», dit Mariano. On voulait montrer un ambiance sans aller dans les détails trop techniques.»

Suivant le compte à rebours, Dans le ventre du Moulin se veut un document impressionniste, finement tissé autour de cette recherche artistique. «Il y a beaucoup de musique, beaucoup de visuel. C'est un long et beau vidéoclip», dit Mariano, qui a trié 60 heures de matériel pour monter le documentaire.

Grâce à la présence de Marie Belzil dans l'équipe créative, le tournage du film a pu se faire en toute confiance, sans censure, sans méfiance. «La confiance c'est quelque chose de précieux en documentaire: Mariano était souvent là, et les gens ont oublié la présence de la caméra», dit Marie Belzil.

La combinaison de la vision extérieure de Mariano Franco et de celle, intérieure, de Marie Belzil offre une vision personnelle, selon les documentaristes. «C'est une vision d'auteur sur une aventure humaine», croit Marie Belzil. Le documentaire est en salle depuis hier, tout comme le Moulin à images, de retour à Québec jusqu'au 13 septembre.