Quelques années seulement après la naissance du cinématographe, la conquête de l'astre de nuit se concrétise enfin...

L'image est l'une des plus célèbres de l'histoire du cinéma. Un obus spatial planté à même le sol lunaire. Qui prend aussi visage humain. Au moment où Georges Méliès présente son Voyage dans la Lune à Paris en 1902, le cinématographe en est encore à ses premières années d'existence. Méliès compte déjà plusieurs films d'actualité à son actif, mais celui-ci, d'une durée de 14 minutes, marque l'arrivée d'un nouveau genre: la «féerie», l'ancêtre du cinéma de science-fiction. En s'inspirant principalement du roman de Jules Verne, De la terre à la Lune, mais aussi de celui de H.G. Wells, Les Premiers hommes dans la Lune, le réalisateur visionnaire réinvente trucages et techniques et les utilise à des fins purement artistiques. Il ouvre ainsi de toutes nouvelles perspectives à un art, le septième, riche en possibilités. Soixante-deux ans plus tard, Nathan Juran proposera une nouvelle adaptation du roman de Wells avec First Men in the Moon.

La conquête de l'espace a inspiré aux cinéastes de nombreux films au fil des ans, dont certains s'attardent encore plus précisément à ce fantasme collectif que constitue la conquête de la Lune par l'homme.

Destination Moon (Irving Pichel), inspiré d'un roman de l'auteur de science-fiction Robert Heinlein, fait partie de ces films dotés d'un vrai souci d'authenticité sur le plan scientifique. Même si, en cette année 1950, le fantasme est encore bien loin de sa réalisation, Pichel utilise les techniques de pointe pour orchestrer une conquête lunaire qui fait écho aux connaissances de l'époque. Le film obtient d'ailleurs l'Oscar des meilleurs effets visuels.

Le processus s'accélère dans les années 60, dès que le président Kennedy annonce qu'un homme se rendra sur la Lune avant la fin de la décennie. D'autant que la guerre froide, et la crainte de voir les Russes planter leur drapeau rouge sur le sol lunaire en premier, inspirent plusieurs histoires. Dont celle de Countdown (Robert Altman, 1968), un film dans lequel le programme de la NASA passe à la vitesse supérieure dès l'intention des rivaux communistes connue.

Film plus obscur dans la filmographie du célèbre réalisateur de Nashville, Countdown se distingue néanmoins par les efforts qu'a mis Altman pour offrir un film crédible, un an à peine avant la mission d'Apollo XI. James Caan, Joanna Moore et Robert Duvall en sont les têtes d'affiche.

Le programme spatial n'a toutefois pas stimulé seulement les auteurs de science-fiction. En 1979, même James Bond se retrouve dans l'espace grâce à Moonraker!

Le dessinateur britannique Nick Park a de son côté imposé son style inimitable en expédiant Wallace et Gromit sur la Lune dans A Grand Day Out (1989). Les deux personnages, devenus légendaires, y séjournaient pour faire une provision de fromage, matière principale du satellite de la Terre, comme chacun sait.

Une fois le «grand pas pour l'humanité» franchi par Neil Armstrong, plusieurs créateurs ont profité de cet événement historique pour poser un regard introspectif sur une époque très riche en mouvements sociaux.

Au Québec, Francis Leclerc a fait écho à ces bouleversements l'an dernier dans Un été sans point ni coup sûr, dont l'intrigue était campée à la même époque. En 1991, la réalisatrice Johanne Prégent a situé l'action d'On a marché sur la lune le jour même où le monde entier était rivé à son téléviseur afin d'être témoin de la marche de l'astronaute américain.

L'événement le plus important au coeur de cette histoire relevait pourtant d'un ordre beaucoup plus intime pour la jeune héroïne. A Walk on the Moon, un film américain de Tony Goldwyn, procède un peu de la même démarche en 1999.

On y relate le parcours d'une jeune femme (Diane Lane), trop tôt épouse et mère, qui s'offre, alors que le monde s'apprête à retenir son souffle en cet été 1969, une aventure avec un séducteur de passage (Viggo Mortensen). Troquer la Lune pour le septième ciel, pourquoi pas?