Cinq cent vingt-quatre plats, 365 jours, un blogue et un livre: Mastering the Art of French Cooking. C'est la recette qu'a utilisée la New-Yorkaise Julie Powell pour changer sa vie. Avec succès. Un conte de fées à la Cendrillon qui a inspiré le film Julie&Julia.

Scénarisé et réalisé par Nora Ephron (You've Got Mail, Sleepless in Seattle), Julie&Julia est le mariage de deux histoires bien réelles. Celle de Julia Child, l'Américaine qui, dans les années 60, a initié ses compatriotes à la quiche, au boeuf bourguignon et à d'autres classiques de la cuisine française. Et celle de Julie Powell, jeune femme à l'aube de la trentaine qui, 40 ans plus tard, décide de replonger dans la cuisine de Julia Child.

Elle se met au défi de réaliser les 524 recettes du livre Mastering the Art of French Cooking, publié en 1961 par Julia Child, Simone Beck et Louisette Bertholle, et de raconter son aventure sur un blogue, The Julie/Julia Project. Une façon pour elle de s'évader de son travail de bureau et de combiner ses deux passions: l'écriture et la cuisine. «Le livre de Julia Child est plus qu'un livre de recettes, raconte Julie Powell lors d'une rencontre de presse tenue récemment à New York. Julia ne nous a pas seulement enseigné la cuisine. Elle nous a aussi appris à être braves.»

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De l'aventure de Julia Child et de celle de Julie Powell sont nés deux livres: My Life in France de Julia Child, avec Alex Prud'homme, et Julie&Julia de Julie Powell, desquels s'est inspirée Nora Ephron pour écrire le scénario du film.

Comme plusieurs autres, Nora Ephron a découvert Julie Powell dans un article du New York Times. «Je me suis alors demandé: «Est-ce qu'il y a là une histoire?» Et j'ai pensé que non, se rappelle-t-elle. Et quand Columbia a acheté l'idée de ce film en s'inspirant des deux histoires, j'en ai entendu parler et je me suis dit: «Voilà un film.»»

Ainsi est né Julie&Julia, un film sur l'obsession de la cuisine, la passion de l'écriture, l'amour et les relations de couple. «Je ne pense pas avoir déjà fait un film qui me ressemble tant, remarque Nora Ephron, une cuisinière passionnée qui a expérimenté tous les plats présentés dans le film à l'exception de l'aspic. La combinaison de la nourriture, de l'obsession pour la nourriture en fait - je suis le genre de personne qui conduirait des heures pour un bol de chili -, puis de l'écriture et du mariage, je n'ai jamais fait ça avant.»

Pour incarner Julia Child, la réalisatrice a rapidement pensé à Meryl Streep. Après qu'Ephron lui eut parlé de son projet, Streep a aussitôt lâché le «bon appétit» caractéristique de Julia Child. Avant même qu'elles eurent commencé, les auditions pour le rôle étaient terminées.

C'est ainsi que celle qui avoue avoir appris à l'âge de 10 ans ce qu'étaient des pommes de terre pilées incarne aujourd'hui celle qui a marqué l'imaginaire culinaire de millions d'Américains. «Tout le monde pourrait faire sa propre version de Julia Child, expose Meryl Streep. J'incarne l'idée qu'a Julie Powell d'elle. C'est une version idéalisée. Et c'est aussi une version idéalisée de ma mère qui avait une joie de vivre similaire. Elle savait apprécier la vie. Et tout ce qu'elle faisait, elle le faisait brillamment. C'est mon petit hommage à cet état d'esprit.»

Meryl Streep partage l'affiche avec Amy Adams qui incarne Julie Powell. Une rencontre quasi virtuelle puisqu'à l'écran, les deux femmes ne se croisent jamais. Julie Powell et Julia Child ne se sont en effet jamais rencontrées. Ne comprenant pas la démarche de Julie, Julia Child n'a montré aucun intérêt envers son projet. Elle est morte en 2004, deux ans après le lancement du blogue de Julie Powell.

Les deux actrices ont tout de même eu la chance de se croiser à quelques reprises sur le plateau. «C'est Meryl, alors tu sais que ça va être fantastique!» s'exclame Amy Adams, qui qualifie de brillante l'interprétation que fait Meryl Streep de Julia Child.

Paris plutôt que Montréal

Quand le tournage des scènes d'Amy Adams a été achevé, celui des scènes de Meryl Streep a débuté. Julia Child ayant vécu une partie de sa vie dans le Paris de l'après-guerre, plusieurs scènes extérieures ont été tournées dans la Ville lumière. «Le studio a essayé de nous empêcher d'aller à Paris, raconte Nora Ephron. Le nom de Montréal a même été évoqué. Mais nous devions aller à Paris. Quand tu vois Paris, tu penses: «Comment aurions-nous pu faire autrement?»»

Au-delà des casseroles, des fourneaux et de la bonne bouffe, il y a aussi l'amour, la romance et la passion. Entre Julia et Paul (Stanly Pucci) et entre Julie et Eric (Chris Messina). Julie&Julia est cependant différente des autres comédies romantiques, remarque Nora Ephron, qui n'en est pas à sa première incursion dans le genre. «Quand tu es dans l'industrie de la comédie romantique, les films finissent quand une personne dit: «Veux-tu m'épouser?» C'est très rare de trouver un film qui parle de ce qui arrive après. Et qui parle d'un mariage dans lequel l'homme soutient entièrement la femme. Ça arrive, mais on ne le voit pas souvent (à l'écran).»

Dans Julie&Julia, l'expression «rôle de soutien» prend tout son sens. Les femmes sont à l'avant-plan et les hommes les soutiennent. «J'espère que les hommes iront voir ce film et se diront: «Wow! Voilà une chose de laquelle s'inspirer», dit Amy Adams. Nous souhaitons toutes en tant que femmes d'avoir ce genre de soutien.»

Julie Powell, qui a indirectement contribué au scénario, estime que le film est assez fidèle à la réalité. «L'authenticité de notre relation est très bien représentée dans le film, remarque-t-elle. Et c'est une chose que j'apprécie. Mais, c'est une comédie romantique. Tout n'était pas quand même pas si étincelant!»

Julie&Julia (Julie&Julia, en version française) prend l'affiche le 7 août.

Les frais de voyage ont été payés par Columbia Pictures.