Le cinéaste Ang Lee et James Schamus, directeur du studio Focus Features, ont décidé de reconstituer Woodstock à l'écran, en s'inspirant du livre autobiographique d'Elliot Tiber, organisateur «accidentel» du festival. «Le documentaire de Michael Wadleigh sur Woodstock existe déjà, a récemment fait remarquer Ang Lee au cours d'une rencontre de presse tenue à New York. Comme il s'agit d'un chef-d'oeuvre, il n'était pas question de refaire la même chose, ni de reconstituer le spectacle. Nous souhaitions plutôt faire écho à l'impact incroyable qu'ont eus ces trois jours sur les plans social et culturel.»

Schamus, auteur du scénario et producteur du film, estime que l'événement n'est pas véritablement passé à l'histoire sur le plan musical, sinon grâce au contexte dans lequel il a pu prendre forme.

«Bien sûr, la musique crée l'ambiance, mais rappelons qu'on évoquait à l'époque trois jours de paix, d'amour et, enfin, de musique. La plupart des spectateurs n'ont rien vu, et ont à peine entendu. Il n'y avait pas d'écrans géants, ni rien du genre d'appareillage qui, aujourd'hui, permet la diffusion de ce type de superspectacles. Et puis, la plupart des artistes n'étaient pas très contents de leur performance.»

Pour reconstituer l'événement 40 ans plus tard, les artisans de Taking Woodstock ont dû relever un défi inattendu: trouver des figurants crédibles.

«Ce n'est pas tout de leur mettre des vêtements d'époque sur le dos, qu'ils enlèvent très vite de toute façon, mais il fallait trouver des jeunes personnes dont les physiques ressemblaient à ceux des spectateurs de Woodstock, explique Schamus. Les gars postulant pour faire de la figuration étaient tous musclés, avec des abdos et des pectoraux d'enfer. Or, personne ne s'entraînait en 1969! Du côté des filles, nous avions aussi un problème supplémentaire: depuis 40 ans, les lois de l'évolution semblent avoir fait disparaître les poils pubiens!»

«Il était important que tout soit plausible, ajoute Ang Lee. Et nous avons tenté de faire la meilleure reconstitution possible, même sur le plan des images de l'époque. Ce film s'attarde avant tout à ceux qui se sont rendus sur place pour vivre un moment qui s'est révélé unique dans l'histoire. Les artistes, eux, ont déjà eu droit à leur film.»

____________________________

Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes au printemps, Taking Woodstock prend l'affiche en Amérique du Nord le 28 août.