Après la surprise Bluff, Marc-André Lavoie revient à la réalisation pour Y'en aura pas de facile. Cinq histoires et une imposante brochette de comédiens se croisent dans ce film scénarisé, réalisé et produit par Marc-André Lavoie sans le soutien des institutions. «C'est un cri de désespoir aux institutions! On aimerait ça, être financés», lance, à peine blagueur, Marc-André Lavoie.


Film choral, Y'en aura pas de facile tisse une toile autour de personnages liés les uns aux autres. «J'aime que l'on suive des histoires différentes. Dans Bluff, les histoires s'inscrivaient dans un différent espace-temps. Aujourd'hui, on est tous en même temps, et le spectateur suit cinq histoires différentes, mais inter-reliées», raconte Marc-André Lavoie.


Commençons par tirer un premier fil, l'histoire d'une escorte (Suzanne Clément) invitée à passer un week-end dans un chalet avec un homme amoureux (David Boutin). «Il est policier, mais il est convaincu qu'elle est la femme de sa vie: il va donc la louer 5000$ à son proxénète (Patrice Robitaille)», poursuit le réalisateur.


Les choses ne se passeront pas vraiment comme prévu, un quiproquo poussant la jeune femme à croire que son client est un maniaque sexuel. De son côté, un jeune homme (Pierre-Luc Brillant) tombe amoureux d'une femme sexy volontairement enlaidie (Mahée Paiement). Et devinez quoi, il est le frère de l'escorte, elle est la soeur du souteneur...


On peut ajouter à ces histoires plusieurs segments: celle d'un jeune garçon (Hugo Saint-Onge) qui veut aider sa mère (Suzanne Clément, encore), celle d'un voleur de portefeuille qui tombe sur le billet de loterie gagnant ou celle d'un architecte poursuivi par un tueur à gages. Est-ce beaucoup? «Dans Bluff, on avait six histoires, ici, seulement cinq. Ça respire bien, et le film sera sans doute plus long», dit Marc-André Lavoie.


L'intérêt de la formule, explique le réalisateur, réside dans sa souplesse pour accommoder les comédiens comme l'équipe technique avec un budget assez réduit. «C'est la seule formule à l'indépendant que je peux faire: c'est plus pratique de tourner en cinq jours à la fois qu'en 30 jours», justifie le réalisateur.


Pour son deuxième long métrage, Marc-André Lavoie a réuni «à 95%» la même équipe que celle de Bluff, à l'exception de son partenaire Simon-Olivier Fecteau. «S'il n'est pas là, c'est parce qu'il écrit un film, et moi j'en ai écrit un de mon côté (Extra, Extra)!» explique Marc-André Lavoie.


Avec son distributeur, Séville, Marc-André Lavoie a réuni un partenaire privé, Super Écran, pour obtenir un budget de 1 million de dollars. «Le film n'a rien à voir avec Bluff: il est d'une qualité exceptionnelle», estime-t-il. Du côté technique, Marc-André Lavoie s'est doté de la dernière caméra photo Canon (Eos 5D Mark II) qui fait actuellement fureur auprès des amateurs comme des professionnels. Luc Besson, par exemple, a un projet de film tourné avec cinq de ces caméras photo.


«On a vraiment repoussé les limites: les images sont 100 fois meilleurs que dans Bluff, on a des couleurs comme en 35mm. C'est un choc pour tout le monde: le capteur est 150 fois plus gros que pour celui utilisé pour Bluff, s'enthousiasme-t-il. C'est une véritable révolution: si tu me demandes d'utiliser un Kodak à 200 000$ ou celui-là à 3500$, je prends celui-là, c'est clair.»


En attendant de pouvoir juger sur pièce du résultat final, Marc-André Lavoie a encore deux segments du film à tourner au début de l'automne. Des comédiens seront bientôt annoncés: des «gros noms», nous promet-on. «J'ai encore eu 100% d'acceptation avec les comédiens: ça fait chaud au coeur», se réjouit Marc-André Lavoie qui, pour son premier long métrage autofinancé, avait réussi à réunir Rémy Girard, Raymond Bouchard, Emmanuel Bilodeau et Isabelle Blais.


Le film devrait sortir l'été prochain. D'ici là, Marc-André Lavoie espère voir son projet Extra, Extra (pour lequel Marc Messier et Patrice Robitaille ont manifesté leur intérêt), financé par la voie régulière (SODEC et Téléfilm Canada). «Les institutions pensent encore qu'on n'est pas sérieux, se désole-t-il. Moi, j'ai le goût de tourner, et j'aime mieux mettre mes sous pour tourner plutôt que dans des voyages. Mais j'aimerais montrer ce que je peux faire avec l'argent.»