Le dévoilement de la programmation du 33e Festival des films du monde est souvent un moment anxiogène: découvrir une liste de 240 longs métrages souvent inconnus au bataillon, sans sections, n'est certes pas la façon la plus évidente pour aborder 10 jours de festival. La vice-présidente du FFM, Danièle Cauchard, a bien voulu nous parler programmation, en général et en particulier.

Lors de la conférence de presse dévoilant la programmation du FFM, Danièle Cauchard avait rappelé aux journalistes que chaque film a son importance pour le festival: pas de commentaire, donc, sur une éventuelle bonne prise du festival ou une découverte à ne pas manquer. Comment le festivalier doit-il donc établir son programme?

«Il y a beaucoup de premières mondiales. Il faut donc des centres d'intérêt régionaux. Il faut que le public ait envie de voir des choses particulières. Mais on peut aussi y aller comme ça: il faut être assez aventureux», estime la vice-présidente et complice de Serge Losique.

La présence de Jafar Panahi (Offside), à la tête du jury du FFM, est accompagnée de plusieurs longs-métrages venus d'Iran: Secret d'homme, de Mohsen Amiryoussefi, en compétition mondiale; When the Lemons Turned Yellow, de Mohammadreza Vatandoost, ou encore Bist, d'Abdolreza Kahani et Penalty, d'Ensieh Shah-Hosseini.

«Quand on parlait beaucoup de cinéma iranien à la fin des années 90, c'était, je crois, à cause de sa fraîcheur. C'est un cinéma qui se place sur l'être humain, sans grands moyens, et cela séduisait le public occidental par sa dimension philosophique. Les réalisateurs vivent dans un contexte censuré, mais bizarrement, cette censure n'empêche pas la création», estime Mme Cauchard.

C'est aussi d'un autre pays où la censure est à l'oeuvre, la Chine, que proviennent plusieurs prises du FFM. Serge Losique a en effet mis la main sur le documentaire que Gu Jun a consacré aux Jeux de Pékin (The Everlasting Flame: Beijing Olympics 2008), présenté en première mondiale à Montréal.

Côté fiction, Genghis Khan's Water Post de Gehe Zhuo ou La tisseuse de Quan An Wang sont également programmés. Du documentaire, on pourra découvrir Toxicosis, de Wang Baochung. «C'est un documentaire sur le passage de la drogue entre la Chine et la Birmanie qui ne nous est pas arrivé par des voies officielles», souligne Danièle Cauchard.

Au cours des dernières années, la section documentaire du FFM s'est étoffée grâce, selon la vice-présidente du Festival, aux nouvelles technologies. «Avec du matériel plus léger, on arrive à détourner les censures», croit Mme Cauchard. Toutefois, en dépit de l'intérêt que peuvent présenter certains films, le FFM espère conserver ceux qui proposent, non pas l'explication d'un phénomène, mais un traitement ou un angle différent.

Numérique

Le numérique a aussi inspiré cette année une nouveauté: un marché du film qui devrait permettre, toute l'année, de rendre accessible sur l'internet des films sans distributeurs. «On veut donner une plateforme pour (les cinématographies nationales), mais le relais n'est pas pris par la distribution. Il y a des films, qui, quelle que soit leur qualité, n'ont jamais de distributeurs. On voudrait rendre ces oeuvres disponibles», dit Danièle Cauchard.

À côté des événements déjà annoncés - la présence de Kent Nagano pour le documentaire consacré à l'OSM de Félix Lajeunesse, Tusarnituuq! Nagano au pays des Inuits; la performance de Gil Roman pour Le coeur et le courage Béjart Ballet Lausanne d'Arantxa Aguirre; la classe de maître de Theo Angelopoulos - le Festival des films du monde espère relever son habituel défi selon Mme Cauchard. «On veut que ça se déroule bien, que les gens soient contents et qu'ils soient heureusement surpris.»

DIX SUGGESTIONS AU FFM (HORS COMPÉTITION):

> Le coeur et le courage Béjart Ballet Lausanne, d'Arantxa Aguirre, Espagne
> Le petit soldat, d'Annette K. Olesen, Danemark
> The Everlasting Flame, Beijing Olympics 2008, de Gu Jun, Chine
> Forteresse, de Shamil Najafzada, Azerbaïdjan
> Abohomaan, de Rituparno Ghosh, Inde
> Marching Band, de Claude Miller, France
> Tatarak, d'Andrzej Wajda, Pologne
> La poussière du temps, de Theo Angelopoulos, Grèce
> Questions nationales, de Roger Boire et Jean-Pierre Roy, Canada
> For the Love of Movies, the Story of American Film Criticism, de Gerald Peary, États-Unis