Devenir, à seulement 26 ans, l'une des têtes d'affiche d'un film de Quentin Tarantino, c'est le genre de rêve que Mélanie Laurent croyait inaccessible. D'où l'euphorie indescriptible qui l'a envahie lorsqu'elle a appris que l'auteur de Pulp Fiction et de Kill Bill avait retenu ses services pour jouer le rôle d'une jeune Juive, propriétaire d'un cinéma parisien, par qui la vengeance ultime arrive dans Le commando des bâtards (Inglourious Basterds en version originale).

«J'avais tellement aimé le scénario, mais je trouvais que c'était trop beau, trop gros pour moi», affirme l'actrice française en entrevue téléphonique au Soleil. «Je m'étais préparée à ne pas l'avoir [le rôle], en me disant qu'ainsi, je ne serais pas déçue. Alors imaginez lorsque j'ai appris la nouvelle, je criais, je hurlais...»

Dans cette première incursion de Tarantino sur le terrain historico-guerrier, présentée en compétition officielle au Festival de Cannes, Mélanie Laurent incarne l'un des rôles pivots, celui de Shoshanna Dreyfus, une jeune femme d'origine juive qui, après avoir échappé au massacre de sa famille par l'infâme colonel Hans Landa (Christopher Waltz), fomentera une vengeance digne de ce nom contre les membres du IIIe Reich. Son destin croisera celui du lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt) et de ses hommes de main, eux aussi déterminés à faire la peau à Hitler et aux membres du IIIe Reich.

«Tuer Hitler, c'est un grand fantasme... Mon personnage représente la vengeance juive dans le film», avoue la comédienne, révélée dans Un pont entre deux rives (avec Gérard Depardieu et Carole Bouquet) et consacrée en 2007 avec le César du meilleur espoir féminin pour Je vais bien, ne t'en fais pas, de Philippe Lioret.

Souvenirs mémorables

Dès que Tarantino a arrêté son choix sur elle, «tout est allé très vite», enchaîne-t-elle. «J'ai passé quelques jours à Los Angeles pour apprendre à projeter des films, puisque mon personnage est propriétaire d'un cinéma. Je l'ai même fait dans une salle avec un public. Puis, ce fut le départ pour Berlin pour le début du tournage.»

De sa collaboration avec l'exubérant et coloré Tarantino, Mélanie Laurent n'en retient que des souvenirs mémorables. «Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où il est considéré comme un mythe vivant, en France, on le voit surtout comme un réalisateur qui fait des films indépendants par rapport au système hollywoodien. Sur un plateau, il est fascinant. Il est comme un incroyable capitaine de navire que tu as envie de suivre n'importe où, peu importe ce qu'il fait. Avec lui, il n'y a pas de place d'ego d'acteur sur un plateau. La star, c'est lui...»

L'expérience du Commando des bâtards s'est avérée une autre belle surprise sur la route de Mélanie Laurent, qui semble accompagnée par une bonne fée depuis ses débuts devant la caméra. En outre, la jeune actrice ne donne pas que dans le cinéma, elle chante aussi. Et pas non plus avec n'importe qui, Damien Rice. Un album en duo est en préparation. «Dès que je trouve du temps, je m'en vais en Irlande [où habite Rice]...», termine celle qui ne semble pas avoir assez de 24 heures dans une journée pour accomplir ses nombreux rêves... devenus réalité.