Allez, on se fait se fait le coup du détecteur de mensonges à l'occasion de la sortie de The Invention of Lying, le premier film que coréalise Ricky Gervais après l'avoir coécrit (ça, il en a l'habitude) avec son complice Matthew Robinson!

Alors, laquelle des trois affirmations suivantes est fausse:

> 1 Ricky Gervais est extrêmement ponctuel: «En fait, je suis toujours à l'avance. Ceux qui sont en retard me semblent ainsi... plus en retard encore.»

> 2 Sur un plateau de tournage, Ricky Gervais ne supporte rien: «Quelqu'un qui écrit, quelqu'un qui lit, quelqu'un qui respire, le bruit des caméras qui tournent, tout me dérange.»

> 3 C'est un épisode de The Twilight Zone qui a inspiré à Ricky Gervais l'idée de base de The Invention of Lying: «L'émission était diffusée en rafale pendant un week-end où j'étais coincé à la maison. L'un d'entre eux se déroulait dans un monde parallèle où le mensonge n'existait pas. Ça m'a donné une idée.»

Alors, le mensonge?

Si l'on se fie à la conférence de presse à laquelle La Presse a assisté pendant le Festival international du film où The Invention of Lying était projeté, Ricky Gervais est en effet ponctuel: il s'est pointé quelques minutes avant l'heure prévue, son café à la main. «Quand les autres arriveront, regardez tous votre montre... peut-être qu'ils comprendront», a-t-il lancé, en riant, aux journalistes.

Si l'on se fie à Jennifer Garner, aussi en vedette dans le film, «un jour, Ricky s'est mis à râler à propos de «ce gars» qui était sur le plateau. Mais c'était l'assistant qui règle la mise au point de la caméra!» a-t-elle rigolé avant que le comédien en rajoute de lui-même une couche au sujet de tout ce qui peut le distraire quand il tourne.

Enfin, si l'on se fie à ce qui a été dit à la rencontre de presse... ce n'est pas Ricky Gervais (le mensonge était là) mais Matthew Robinson qui a été inspiré par The Twilight Zone - de même que par la lecture des écrits de Harlan Ellison. «Ne volez que les meilleurs», a par contre plaisanté celui que l'Amérique du Nord a découvert dans la version originale de The Office.

La vérité toute crue

Alors, cette idée? Dans une ville clairement... non identifiée, Mark (Ricky Gervais) et Anna (Jennifer Garner) s'apprêtent pour un blind date. Il arrive chez elle, elle lui ouvre la porte, légèrement essoufflée. «J'étais en train de me masturber», lui explique-t-elle. Oui, comme ça. Car dans cette ville et cet univers, on dit la vérité, rien que la vérité.

«Au départ, je pensais écrire un sketch sur ces deux inconnus qui se disent, sans nuancer, tout ce qui leur passe par la tête, raconte Matthew Robinson. Puis, j'ai imaginé que ce type «inventait» le mensonge et qu'on pourrait le suivre dans ce qui résulte de la chose.»

Du coup, il y avait assez de matière pour alimenter un long métrage. Et, en sous-texte, poser quelques questions. «Un monde où vous pouvez mentir et prendre des décisions n'est-il pas finalement préférable à un monde où tout n'est que vérité mais où les gens sont aveugles?» demande Ricky Gervais.

«Mark invente le mensonge par amour pour sa mère: elle a peur de mourir et, pour la rassurer, il lui dit que quelque chose de merveilleux l'attend «après». Il pose ainsi les bases d'une «religion». En ce sens, le film s'interroge sur la foi, et la foi mérite qu'on se pose des questions à son sujet, qu'on en discute», assure pour sa part Jennifer Garner.

Interrogations, aussi, sur la peur de l'inconnu. C'est une des choses qui ont attiré Rob Lowe quand on lui a proposé le rôle de Brad, l'ennemi juré de Mark. Tous deux écrivent des scénarios pour un studio de cinéma. Mais attention: sans le concept de mensonge, la fiction n'existe pas (!). Les longs métrages consistent donc en de longues dissertations livrées sans fantaisie aucune par des «acteurs» assis sur une chaise - façon cours magistraux. Bref, Brad qui a tout pour lui - le physique, l'ego, le succès - ne peut pas supporter Mark. «Et il le lui dit: «Je ne t'aime pas parce que je n'aime pas ce que je ne comprends pas.» Ces quelques mots, dit Rob Lowe, m'ont vraiment éclairé sur la nature du personnage.» Et ont levé le voile, pour lui, sur l'un des propos du film.

Bon, tout cela se fait sur le ton de la comédie. «Ce n'est pas de la propagande mais seulement du divertissement», assure Ricky Gervais, maître d'oeuvre de cet univers qui porte sa signature et dont le sceau, le mode autodérision, sont reconnaissables entre tous. Et, semble-t-il, attirant pour bien des acteurs: l'un des plaisirs de The Invention of Lying est de voir apparaître, parfois très brièvement, une brochette d'acteurs que l'on n'attendait pas là.

«Un soir, Ricky et moi avons attribué des rôles à tous ces gens, sur papier. Et... ils ont tous dit oui», affirme Matthew Robinson. Résultat: de Philip Seymour Hoffman à Edward Norton en passant par Jason Bateman et Tina Fey, ils sont une bonne dizaine à nous surprendre au détour de l'intrigue. Et c'est la vérité.

The Invention of Lying prend l'affiche le 2 octobre.