À première vue, on pourrait penser que Harrison Ford prend des mesures extraordinaires pour parler d'Extraordinary Measures : il a choisi de rencontrer les journalistes en tête-à-tête plutôt que d'opter pour les événements de presse auxquels se livrent habituellement les stars de sa trempe. Mais il affirme faire ainsi parce qu'il préfère ainsi. Tant mieux. Rencontre en solo, donc.

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«Je préfère passer plus de temps avec les gens pour pouvoir leur parler, leur parler vraiment.» Et c'est parce qu'il croit vraiment cela que Harrison Ford sillonne le continent nord-américain depuis des semaines. Les journalistes qu'il rencontre, c'est un par un. La Presse a ainsi eu l'occasion de passer un moment en tête-à-tête avec lui.

Lui, Harrison Ford. Vêtu de noir, teint californien, petite boucle à l'oreille gauche, voix basse, regard qui se pose un moment mais ne s'accroche pas. S'allume parfois de cette étincelle amusée qui rappelle les oeillades de Hans Solo ou d'Indiana Jones.

Bref, l'humour pointe ici et là. Mais le sérieux est au programme principal. Parce que l'occasion de cette tournée est Extraordinary Measures de Tom Vaughan. Un drame inspiré d'un fait vécu auquel il travaille depuis six ans. «Je cherchais un projet qui m'offrirait la possibilité d'avoir un rôle intéressant tout en me permettant de m'impliquer dans tous les aspects en tant que producteur, explique-t-il. Et je suis tombé sur cette histoire de quelqu'un qui a pris le contrôle de sa vie et fait des choix très courageux pour sauver ses enfants.» Et bien d'autres enfants.

Cet homme, donc, c'est John Crowley... et ce n'est pas lui qu'interprète Harrison Ford. Brendan Fraser prête ses traits à ce jeune loup qui évolue dans le monde des affaires et décide, un jour, de tout laisser tomber. Deux de ses trois enfants souffrent de la maladie de Pompe, une maladie génétique dégénérative. Ceux qui en sont atteints parviennent rarement à leur neuvième anniversaire. La fille de John Crowley va bientôt avoir cet âge fatidique. Pour déjouer le destin, ce père de famille entêté va entrer en contact avec un chercheur qui travaille à une cure possible.

Entrée en scène du docteur Robert Stonehill. Le personnage que s'est attribué Harrison Ford. Et qu'il a participé à créer dès le scénario - puisque le scientifique en question est en réalité «un composite des scientifiques avec qui John Crowley a travaillé», explique l'acteur, qui a lui aussi pris le temps de faire des recherches... sur les chercheurs. «J'ai rencontré des gens qui travaillent dans le genre d'université où travaille le personnage, j'ai rencontré des gens gentils, très sociables. Mais j'ai aussi trouvé des circonstances qui pourraient expliquer avec réalisme l'existence d'un Robert Stonehill parmi eux.»

Personnage frustré

Robert Stonehill est en colère. Frustré. Ses recherches sont sa passion mais, plus encore, elles sont importantes: elles pourraient sauver des vies. Ne manque, pour passer de la théorie à une nouvelle étape du développement de la cure, que... l'argent. «Dans un monde où des laboratoires universitaires au complet ont un budget moins élevé que le salaire annuel de l'entraîneur de l'équipe de football», souligne Harrison Ford.

D'où le caractère irascible et intransigeant du personnage. «C'est un solitaire, un type qui n'a aucune faculté d'adaptation et, quand il rencontre John Crowley, il voit l'occasion de sortir du cul-de-sac dans lequel il se trouve. Il n'a pas prévu les problèmes qu'il aurait face aux grosses corporations pharmaceutiques et il n'avait pas pensé qu'il n'aurait plus le contrôle sur tout. C'est John Crowley qui fera le pont. Mais cela n'ira pas sans conflits. «Et le conflit produit le drame... qui aide à raconter l'histoire», note l'acteur.

Raconter une histoire


Or là est le but. Raconter une histoire. Qu'elle soit celle d'un archéologue sans peur et quelques reproches, d'un pilote-contrebandier-cynique-au-grand-coeur, d'un policier de Philadelphie enquêtant chez les Hamish - ou d'un chercheur bien déterminé à rejouer David contre Goliath contre la société.

«Un rôle ou un autre, ce n'est pas important. Les uns ne sont pas plus difficiles que les autres. Je veux jouer différents types de personnages, dans différents types de films - pour ne pas être catégorisé. L'important, en fait, c'est l'histoire, pas le genre», dit-il.

Et en ce qui le concerne, Harrison Ford dit avoir encore beaucoup de plaisir dans les méandres qui permettent la fabrication de ces histoires: «J'aime explorer, j'aime faire partie de tout le processus. La collaboration, la résolution de problèmes, comment faire les choses de la meilleure façon - et ça va de l'écriture du scénario au déplacement des acteurs dans une scène.»

Bref, comme son personnage de Robert Stonehill, il aime ces puzzles qui mènent à la résolution de problèmes. Mais la comparaison s'arrête-là, n'est-ce pas? Il sourit façon Hans Solo et acquiesce manière Indiana Jones.

Extraordinary Measures (Mesures extraordinaires) prend l'affiche le 22 janvier.

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Alliance Vivafilm.