Les journaux avaient évoqué l'affaire à l'époque, mais l'histoire relatée dansL'affaire Farewell  reste méconnue.

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«Personne n'y avait vraiment prêté attention, rappelle l'auteur cinéaste Christian Carion. Jacques Attali avait fait écho à cette affaire dans son livre Verbatim. J'ai eu envie de creuser un peu plus.»

Trois ans de recherches ont été nécessaires pour lier les fils d'un récit où il est toujours difficile de démêler le vrai du faux.

«J'ai fait beaucoup de rencontres, recueilli beaucoup de témoignages, interviewé bien des gens, dit Carion. Plus je creusais, moins je comprenais. Le milieu de l'espionnage est très particulier. Des agents en poste à l'époque ont pris contact avec moi dès qu'ils ont su que j'avais l'intention de tirer un film de cette affaire. J'ai vu des gens des services secrets, d'autres faisaient partie de l'entourage du président Mitterrand; certains autres travaillaient au ministère des Affaires étrangères. Au bout du compte, j'ai pu tirer un portrait assez juste sur le plan factuel.»

Sentiment de liberté

L'aspect plus politique du récit se devait d'être bien documenté. En revanche, Carion tenait aussi à explorer la part intime d'individus pris dans les tourments de la grande histoire.

«Parce que c'est cela qui me touche d'abord et avant tout, précise-t-il. Leur vie ne ressemble en rien à celle que l'on s'imagine. Cela n'a rien à voir avec l'univers de James Bond!»

L'expérience fut enrichissante au point où l'auteur cinéaste estime que L'affaire Farewell marque une étape importante dans son parcours artistique.

«Dans mon esprit, il y a un avant et un après Farewell. J'ai fait Une hirondelle a fait le printemps en m'excusant presque. Pour Joyeux Noël, la peur de trahir l'histoire me bloquait. Là, je me suis senti plus libre. Et puis, j'étais heureux à l'idée de revisiter une époque où un homme pouvait encore penser changer le monde. Et le dire. Aujourd'hui, le mieux qu'on puisse entendre est un Yes we can. Notre époque manque d'étincelles.»