Dans Vilaine de Jean-Patrick Benes et Alain Mauduit, Marilou Berry plonge dans la révolte d'une jeune fille au physique, disons, ingrat. Victime de sa gentillesse, cette anti-Amélie Poulain rêve de vengeance au lieu d'attendre l'amour comme une gourde. Un premier rôle peu conventionnel et déterminant dans la vie de la jeune comédienne que La Presse a rencontrée récemment à Montréal.

Son visage ne vous dit peut-être rien, mais à 27 ans, Marilou Berry se classe parmi les acteurs qui comptent en France. Avec un premier rôle décroché chez Agnès Jaoui (Comme une image) et plusieurs apparitions dans des comédies, la fille de Josiane Balasko impose sa marque.

Vilaine est un film important pour elle. Un film qu'elle n'a pas hésité à faire. «Je me suis retrouvée dans l'humour, le style des réalisateurs. Je ne me suis pas posé de questions: c'est un premier film, mais avec des choses que l'on ne voit pas d'habitude», explique la jeune femme.

Avec Vilaine, Jean-Patrick Benes et Alain Mauduit ont imaginé une anti héroïne de comédie: Mélanie. Rappelant vaguement une certaine Amélie, Mélanie est serveuse dans un bar de routiers au bord d'une route d'une petite ville française. Un peu enveloppée, elle mise sur son dévouement pour se faire accepter des autres.

Malheureusement, sa chipie de cousine (Frédérique Bel) décide une fois de plus de lui jouer un mauvais tour. Pour Mélanie, c'en est trop, et la jeune femme décide d'assumer son physique et de se venger.

«J'avais l'idée de ce personnage portant une robe à la Kathy Bates, dit Marilou Berry. Après son revirement, l'idée n'était pas de devenir Monica Bellucci, mais il fallait changer de style et que ce soit crédible», poursuit la comédienne, elle-même très à la mode quand nous l'avons rencontrée.

Ce pied de nez fait aux comédies est réaliste, croit la comédienne. «Regardez autour de vous: les gens casse-couilles passent toujours en premier. Quelqu'un qui s'impose et qui s'énerve, il aura ce qu'il voudra», constate Marilou Berry.

Hausser le ton

Et elle, obtient-elle ce qu'elle veut en haussant le ton? «Ça dépend. Je suis assez exigeante, surtout dans le travail. Je travaille beaucoup, donc si quelqu'un ne le fait pas autant que moi, ça m'énerve. Surtout en France, où les acteurs ne travaillent pas, où ils apprennent leurs textes à la dernière minute et se contentent du minimum syndical», tranche-t-elle.

Apparemment, le coup de gueule au grand écran d'une fille ni sexy ni gentille, a plu aux spectateurs français. «Il répond à l'envie de voir un personnage féminin comme premier rôle, ce qui est rare, et aussi de voir un personnage différent: les gens s'identifient plus à moi qu'à Kate Moss», souligne-t-elle.

Si Marilou Berry a surtout donné dans un registre comique (Nos jours heureux, Cliente), elle n'entend pas se cantonner à un seul registre. «Le métier d'acteur, c'est de raconter des histoires, que ce soit de l'horreur ou de la comédie. Moi, je n'ai pas de plan de carrière: là, je vais tourner dans un thriller, j'ai seulement besoin d'avoir un scénario qui me plaît», explique-t-elle.

Comme sa mère, qui est saluée tant pour ses qualités d'interprète que pour ses qualités de scénariste (d'abord au café-théâtre Le Splendid, puis avec ses propres films - Ma vie est un enfer, Gazon maudit ou Cliente), Marilou Berry n'exclut pas non plus de se mettre un jour à l'écriture: «Plus tard peut-être. Quand je serai grande.»

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Vilaine prend l'affiche vendredi 26 février au Québec.