Le 28e Festival international du film sur l'art présente 230 films de 23 pays jusqu'au 28 mars. Un fort contingent de films d'ici seront présentés dont le film d'ouverture, le documentaire Vivre avec l'art... un art de vivre, qui se penche sur l'expérience de collectionneurs, ce soir au Musée des beaux-arts.

«Ceux qui achètent dans un but spéculatif ne m'intéressent pas. Je voulais parler de ceux qui collectionnent par passion.»

Anne-Marie Tougas ne s'en cache pas. Son film Vivre avec l'art... un art de vivre, qui sera présenté ce soir en ouverture du 28e FIFA, n'a rien d'un documentaire exhaustif sur l'univers des collectionneurs. C'est le portrait tout simple de deux hommes qui ont choisi de partager leur vie avec des oeuvres d'art.

La maison de Bernard Landriault et de Bernard Paradis est ainsi remplie de sculptures et de tableaux contemporains. Ces oeuvres valent peut-être leur pesant d'or, mais on s'en fout. Elles ont été achetées sur de gros coups de coeur. Et elles ne sont pas à vendre.

Comprendre que ces deux esthètes consomment avant tout par amour de la chose. Leur démarche est aussi intuitive qu'éclairée. Mais elle est surtout profondément honnête. Leur rapport à l'art est avant tout un rapport à l'âme. Et n'a rien à voir avec les lois du marché.

«Pour eux, collectionner est un moteur d'évolution spirituelle, émotif et intellectuel», résume la réalisatrice.

Venue de l'architecture, Anne-Marie Tougas admet qu'elle ne connaissait pas grand-chose à l'art contemporain avant de faire ce film. Et qu'elle en savait encore moins sur le monde des collectionneurs d'art. Mais ce tournage, dit-elle, lui a donné une tout autre perspective sur cette espèce mal connue, que l'on réduit trop souvent aux clichés habituels.

Loin des personnages «égoïstes, collet monté et empoussiérés un peu» qui investissent dans la beauté par intérêt, la cinéaste a ainsi découvert deux passionnés pas plus riches que vous et moi, pour qui l'art est devenu une extension de la vie. Elle a surtout découvert que la curiosité et la générosité sont au centre de cette passion.

Générosité de soi d'abord, puisqu'en exposant ces oeuvres sur ses murs, le collectionneur dévoile forcément une partie de lui-même. Curiosité de l'autre ensuite, puisque tout part d'une main tendue vers celui qui crée.

«Contrairement à ce que je croyais, collectionner peut aussi être un grand geste d'ouverture, explique la cinéaste. Beaucoup d'artistes ont une culture et une vision très différentes de celles du collectionneur. Ce dernier doit être ouvert s'il veut aller à la rencontre de cette vision. Pour moi, c'est une autre façon d'amener la paix. Montrer que la richesse qu'il y a entre toi et moi, c'est notre différence.»

Un regard humaniste

Réalisé pour la modique somme de 60 000 $, Vivre avec l'art... porte un regard résolument humaniste sur le collectionneur et ses motivations. Une vision forcément partielle, mais néanmoins éclairante, qui mériterait certainement d'être élargie à un plus grand cercle.

Ça tombe bien. Anne-Marie Tougas prépare actuellement une série sur le même sujet pour la chaîne ARTV, avec l'intention d'étendre le portrait à une quinzaine de collectionneurs. Le film vient également d'être acheté par le Musée d'art contemporain qui l'a ajouté... à sa collection.

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Vivre avec l'art... un art de vivre d'Anne-Marie Tougas, ce soir, 20 h, le mardi 23 mars, 18 h 30 et le dimanche 28 mars, 13 h 30 au Musée des beaux-arts.