La vague «Adaptons-des-comic-books» se poursuit sur les écrans. Aux histoires classiques de super-héros façon Iron Man, X-Men et Spider-Man et aux récits plus glauques manière Sin City et From Hell s’ajoutent maintenant les histoires de gens ordinaires qui se la jouent – et nous la jouent – justiciers ou «anges» vengeurs. Pensons à Watchmen de Zack Snyder sorti l’an dernier, à Kick-Ass de Matthew Vaughn qui a pris l’affiche hier, et à The Losers de Sylvain White qui nous arrivera vendredi. Rencontre.

Les losers de The Losers sont nés une première fois dans les années 60 et ont évolué sur fond de Deuxième Guerre mondiale. Ils ont ressuscités en 2004 dans des histoires d’Andy Diggle illustrées par Jock mettant en scène les membres d’escouade des forces spéciales américaines qui déclarent la guerre à la CIA après que l’Agence ait tenté de les éliminer. Le scénario de Peter Berg et James Vanderbilt tient davantage de cette version-là – et lui est, par plusieurs aspects, assez fidèle. C’est particulièrement vrai pour l’esthétique du film, à l’image (c’est le cas de le dire) du celle des livres.

Ce n’est pas un hasard. «Le roman graphique présente une incroyable combinaison d’action viscérale, d’humour et de personnages typés. Son esthétique est assez unique, très belle. Je voulais en rester proche, mais sans que cela devienne envahissant et nuise au film », indique le réalisateur Sylvain White (Stomp the Yard), lors d’une conférence de presse tenue à Los Angeles le week-end dernier.

Dans ce visuel, des personnages eux aussi très bédéesques. Ils sont Clay (Jeffrey Dean Morgan), Jensen (Chris Evans), Roque (Idris Elba), Pooch (Columbus Short), Cougar (Oscar Jaenada). Ce sont les losers. Chacun à sa spécialité – un peu, autrefois, comme les membres de l’équipe de Mission: Impossible: la tête pensante, l’as en communications et technologies, l’expert en explosifs, le spécialiste en transports et armes lourdes, le tireur d’élite. Nous sommes dans le très typé.

Les affrontera, Max (Jason Patric, formidable), un méchant d’une méchanceté crasse comme il ne s’en fait que dans les bandes dessinées. Se joindra (peut-être) à eux, Aisha (Zoë Saldana), sublime amazone aux intentions troubles.

Cette dernière, qui a fait merveille récemment dans Star Trek et Avatar, a retrouvé ici le coordonnateur de cascades avec qui elle a travaillé dans le film de James Cameron. «Il sait exactement ce que mon corps peut faire... avant même que moi, je ne le sache », rigole celle qui, pour passer du rôle de Neytiri à celui d’Aisha, n’a eu qu’à troquer l’arc pour les armes à feu, les pieds nus pour les bottes de cuir. ??talons plats, les bottes. «C’est une concession que j’ai faite à Sylvain, glousse-t-elle. Mais j’aurai pu faire les mêmes cascades dans mes bottes Gucci. »

Jeffrey Dean Morgan (The Comedian dans Watchmen), «victime» d’un certain échange particulièrement musclé avec elle, se félicite, lui, de cette «concession» qui lui aura évité de peut-être perdre un œil: «On répète les chorégraphies des combats pendant des mois et soudain, le jour du tournage, tout est changé. Je vous jure que de heurter le trottoir 20 fois d’affilée, ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile », raconte ce dernier... tandis qu’Idris Elba (Stringer Bell dans la série The Wire) se fend d’un grand sourire: dans la scène en question, il est celui qui l’expédie sur le pavé.

Pour lui, The Losers possède cet ingrédient qui a fait de longs métrages comme Die Hard et Lethal Weapon des «feel-good films d’action»: «Des cascades et des personnages plus grands que nature. Il y a quelque chose du jeu, là-dedans et, au bout du compte, tout le monde en tire du plaisir – les acteurs et, on l’espère, le public. »

C’est pour cela qu’il était important pour Sylvain White de ne jamais perdre de vue les personnages, le facteur humain, derrière ces actions, ces combats, ces cascades qui sont «trop », fait remarquer Zoë Saldana – qui avoue, toujours en souriant, qu’en tant que seule femme de la distribution, elle s’est sentie l’obligation «d’en faire deux fois plus que les autres, afin d’être à la hauteur, de ne pas donner l’impression d’être à la traîne ».

Rien de neuf sous ce soleil-là – qui était celui de Porto Rico, puisque c’est là que le tournage s’est déroulé. «C’était exigeant, admet Sylvain White. Derrière les caméras, nous étions tous en t-shirt tandis que les acteurs endossaient souvent des couches et des couches de vêtements et manipulaient des armes qui sont tout sauf légères.» Mais, bon, c’est là que Zoë Saldana a pris sa petite revanche: elle qui a tourné une scène où elle est nue dans un lit avec Jeffrey Dean Morgan (qui, au moment de la conférence de presse, exultait à ses côtés) s’est dite ravie qu’après, elle ait eu droit à des jours et des jours entourée de beaux gosses au torse nu.

Il est vrai que quand on regarde de près la distribution de The Losers, on se dit que sur bien des aspects, ces perdants-là sont des gagnants.

The Losers (Losers) prend l’affiche le 23 avril.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.