Le président du jury cannois, Tim Burton, a présenté ses jurés hier. Mais le cinéaste affirme qu'il n'est pas du genre à donner des consignes particulières à ses ouailles. Sa seule demande: que personne n'arrive avec des idées préconçues.

Ils sont neuf en tout. En principe, le cinéaste iranien Jafar Panahi, qui a présidé le jury du Festival des films du monde de Montréal l'an dernier, aurait dû faire partie du groupe. Mais il est toujours retenu en prison à Téhéran... parce qu'opposé au régime.

Son absence se révèle lourde sur le circuit des festivals de cinéma. Peu de commentaires ont été faits à ce propos lors de la conférence de presse du jury cannois hier, mais il va de soi que la communauté cinématographique accorde son soutien total à un cinéaste dépouillé de sa liberté d'expression.

«Nous réclamons sa libération», a répondu le président Tim Burton quand le sujet fut évoqué.

Flanqué des actrices Kate Beckinsale et Giovanna Mezzogiorno, de l'acteur Benicio del Toro, du compositeur Alexandre Desplats, des cinéastes Emmanuel Carrere, Victor Erice et Shekhar Kapur, de même que du directeur du Musée du cinéma de Turin, Alberto Barbera, Tim Burton s'est prêté hier à la traditionnelle rencontre avec les journalistes, même si ses marques ne sont pas encore clairement établies.

«On les trouvera au cours des prochains jours, annonce-t-il. Pour l'instant, on sait où l'on doit aller mais on ne sait pas encore comment s'y rendre!»

Chose certaine, le réalisateur d'Alice in Wonderland n'est pas du genre à donner de consignes à ses ouailles.

«Je ne pourrais jamais faire ça! Ce que je souhaite, en revanche, c'est que personne n'arrive avec des idées préconçues. Les oeuvres créées par tous les membres de ce jury ont déjà été exposées à la critique, au jugement des autres Nous savons ce que c'est. Cela nous rend, je pense, sensibles à cet aspect des choses. Nous souhaitons rester ouverts, disponibles. Qu'un film nous touche sur le plan intellectuel ou émotif, peu importe. Cette rencontre entre des gens venus de différents pays, de différentes cultures, m'enthousiasme beaucoup.»

Seulement deux femmes siègent dans le jury et aucune réalisatrice n'est sélectionnée dans la compétition officielle. Quand on remet en question cette faible représentation féminine, Tim Burton pointe les décideurs. «Il faudrait peut-être demander à ceux qui ont l'autorité de donner le feu vert à des projets, indique monsieur le président. Les cinéastes forment une fraternité au sein de laquelle le genre n'a aucune importance.»

Quand on lui rappelle ce que Sean Penn, un ancien président du jury, avait déclaré il y a deux ans, à savoir qu'un film digne d'une Palme d'or devait selon lui s'inscrire de façon pertinente dans la société et le monde, Tim Burton propose une tout autre approche.

«À mon sens, il n'y a aucun prérequis. Notre travail consiste à être ouverts à tout. À cet égard, je suis ravi que la sélection ne comporte pas beaucoup de films à vocation commerciale. Cela fait aussi partie de la surprise.»