Après avoir remis sur pied la franchise Batman, notamment grâce au succès planétaire de The Dark Knight, Christopher Nolan propose aujourd'hui une superproduction audacieuse en défiant les règles du marketing hollywoodien. Dans tous ses aspects, le concept d'Inception est vraiment original.

>>> Commentez le blogue de Marc-André Lussier.

Depuis Memento, Christopher Nolan s'est distingué en entraînant le spectateur dans les arcanes de la pensée humaine. Ou dans un monde qui, parfois, fonctionne selon sa propre logique interne. Avec Inception (Origine en version française), l'auteur cinéaste pousse sa démarche encore plus loin. Il y explore jusque dans ses derniers retranchements l'un des aspects les plus étranges de l'esprit humain: la faculté du cerveau de produire des rêves.

De prime abord, ce genre de sujet n'est pas matière à nourrir les superproductions hollywoodiennes, encore moins celles qui prennent l'affiche au beau milieu de la saison estivale. Mais Christopher Nolan est l'un des rares auteurs cinéastes - sinon le seul par les temps qui courent - à pouvoir rallier à la fois les cinéphiles purs et durs et le public des complexes multisalles. Il le fait à sa manière. En défiant toutes les règles qu'Hollywood emprunte habituellement. Le scénario d'Inception fut pratiquement aussi bien gardé qu'un secret d'État. Même à quelques jours de la sortie de son film, Nolan se fait un point d'honneur d'en divulguer le moins possible. À une époque où les bandes annonces en révèlent tellement que le spectateur a déjà l'impression d'avoir vu le film dans son intégralité avant même la présentation du générique d'ouverture, le réalisateur d'Insomnia préfère la suggestion.

«Il est très difficile de trouver l'équilibre entre ce qu'il faut dévoiler pour intéresser les gens, et le mystère requis pour ne pas gâcher l'effet de surprise, expliquait récemment le cinéaste au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles. Personnellement, je préfère toujours voir un film en en sachant le moins possible. Il ne s'agit pas ici de cultiver le secret, mais plutôt de laisser au spectateur le plaisir de la découverte. D'autant qu'il s'agit d'un concept original.»

Un film d'espionnage et d'action

Le concept d'Inception repose sur les divers niveaux de conscience d'un être humain. Leonardo DiCaprio incarne Dom Cobb, un espion spécialisé dans le vol corporatif, dont l'expertise est bien particulière. Cet homme peut en effet extirper d'un individu des informations secrètes au moment où ce dernier est dans son état le plus vulnérable, soit pendant le sommeil. Cobb est toutefois aujourd'hui un fugitif, forcé à l'exil loin des siens. Pour une ultime mission, plus périlleuse parce qu'elle consiste à implanter de l'info dans le cerveau de quelqu'un plutôt que de l'extraire, Cobb réunit une équipe d'experts, lesquels plongent tous dans un même rêve. Du moins, en principe.

«À la base, Inception est un gros film d'espionnage et d'action!, précise Christopher Nolan. C'est ce que j'ai voulu à tout le moins. Quand on se lance dans un projet où l'imagination n'a plus aucune limite, il faut forcément avoir les moyens de ses ambitions.»

Christopher Nolan a proposé ce projet de film pour la première fois il y a une dizaine d'années. De son propre aveu, son scénario n'était pas aussi accompli qu'il le souhaitait. «Je n'avais pas encore trouvé le fil émotif qui pouvait relier tout ça. Ça m'a pris du temps!» confie celui qui signe tout fin seul le scénario.

Pendant cette décennie, Nolan a aussi beaucoup gagné en notoriété. Il est devenu l'un des cinéastes les plus en vue sur la scène internationale. Après avoir remis sur pied avec éclat une franchise laissée pour morte (celle de Batman), le réalisateur d'origine anglaise jouit maintenant d'une liberté pratiquement totale, tout en fonctionnant dans le système des grands studios.

«Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je ne ressens pas de pression particulière à la suite du succès de The Dark Knight. J'y vois plutôt une très belle occasion, tout autant qu'une responsabilité. Mon ambition est de proposer au public une expérience cinématographique mémorable. Cela dit, mon processus créatif n'a pas changé depuis Following, mon premier film. Même si je dispose maintenant de plus de moyens, le mode de fabrication reste le même.»

À chacun son univers

À patauger de la sorte dans les différents niveaux de conscience, l'auteur cinéaste en retire une expérience de vie significative, d'autant que ce travail lui a permis d'explorer un sujet qui le fascine depuis longtemps.

«La relation entre un individu et ses rêves a toujours suscité mon intérêt, dit-il. Cette faculté qu'a l'esprit humain de façonner un univers entier m'intéresse grandement. D'autant que le cerveau de chaque individu produit son univers propre. C'est unique. On ne mesure pas encore tout le pouvoir de l'imagination. Le cinéma peut en être le prolongement.»

De Tanger à Calgary, en passant par Paris, Londres, Tokyo et Los Angeles, le tournage a été réalisé principalement dans de vrais décors, Nolan tenant à recourir aux images de synthèse le moins possible. «J'aime que les acteurs puissent évoluer dans un monde correspondant le plus fidèlement à la réalité du film. Dans la mesure du possible bien sûr.»

Les comédiens ont évidemment répondu à l'appel, Leonardo DiCaprio en tête. «Parce que je tiens à travailler avec les meilleurs, tout simplement!» lance-t-il. Autour de la star gravite une distribution prestigieuse, parmi laquelle on trouve notamment Marion Cotillard, Ellen Page, Joseph Gordon-Levitt, Ken Watanabe, Cillian Murphy, Tom Hardy, Tom Berenger et Michael Caine.

Inception (Origine en version française) prend l'affiche le 16 juillet.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.

 À lire aussi: Leonardo DiCaprio: comme une psychanalyse