Will Ferrell

Will Ferrell et Adam McKay se connaissent depuis 1995. Ils ont fait leurs débuts à peu près en même temps à Saturday Night Live. Le premier comme comédien. Le second comme scénariste. Ils ont alors commencé à travailler ensemble. À écrire ensemble, l’un rebondissant sur l’idée de l’autre. «Nos idées améliorent celles de l’autre ou s’emboîtent et nous arrivons avec une tour que nous avons bâtie de concert», a expliqué Will Ferrell dans la salle de conférence où il a rencontré La Presse.

Et c’est ainsi qu’un jour, l’un ou l’autre a lancé: «Et si on écrivait un film?» Après tout, ils avaient tellement de plaisir à concevoir des sketchs, pourquoi ne pas tenter la grande aventure? Ça a tellement bien fonctionné que The Other Guys est leur quatrième expérience commune à atterrir au grand écran.

Il y a d’abord eu Anchorman en 2004, «où on s’est dit: faisons les trucs les plus fous auxquels on peut penser»; puis Talladega Nights en 2006, «où on a travaillé davantage la structure»; ensuite Step Brothers en 2008, «où on s’est permis un commentaire sur la famille américaine». Enfin, The Other Guys, «qui est notre film d’action mais qui montre aussi du doigt ces bandits en chemise blanche qui ont sévi ces dernières années».

Avec un défi de plus à relever: face à l’acteur ne se trouvait pas un John C. Reilly ou une Kristen Wiig - des habitués de la comédie -, mais Mark Wahlberg et Eva Mendes. «Ce n’était pas un problème, assure-t-il. Adam sait créer un climat de confiance sur le plateau, et c’est ce qu’il faut pour être capable d’improviser. Ça, et un engagement total des acteurs envers le personnage qu’ils incarnent. Un engagement aussi vrai que si nous jouions dans un drame.»

En fait, c’est dans la partie «action» du projet que Will Ferrell a eu le plus de surprises et fait le plus de découvertes. D’abord, il a eu à s’entraîner au tir. C’était une première. «Même si mon personnage est plus un fonctionnaire qu’autre chose, il porte un pistolet... et il fallait que je puisse le dégainer de façon crédible.» Même si c’est pour faire une bêtise.

Et puis, il y a ces scènes de poursuite, ici et là dans le long métrage. Là, le comédien s’est laissé aller. A donné son maximum. Courant comme un dératé, ses longues jambes aidant à sa performance. «En tout cas, c’est comme ça que je voyais les choses dans ma tête. Dans le moniteur, c’était une autre paire de manches: j’étais tellement lent!»

C’est quand il «dégaine» virtuellement en improvisation libre qu’il devient un sprinteur de première catégorie. Son monologue concernant le lion qui se bat avec un thon passera certainement dans les annales de la comédie. Il faut le voir - et l’entendre - pour le croire.

Mark Wahlberg

«J’aime regarder des comédies et j’aime rire dans la vie. Mais à l’écran, j’ai surtout fait des rôles dramatiques. J’avais envie de montrer un autre côté de moi, de surprendre», explique Mark Wahlberg, bien calé dans un fauteuil de la suite de l’hôtel californien où il a reçoit La Presse.

Or, il se trouve que l’acteur révélé dans Boogie Nights, qui a par la suite multiplié les rôles exploitant le côté sombre de son talent, n’avait pas leurré tout le monde: derrière cette intensité à fleur de peau et son passé tourmenté (il a grandi dans un quartier pauvre de Boston, est le plus jeune d’une famille de neuf enfants, a abandonné l’école à 14 ans, a été étiqueté délinquant juvénile et, plus tard, a fait un peu de prison) se trouvait une fibre comique.

Ces spécialistes du rire que sont Adam McKay et Will Ferrell l’avaient «diagnostiqué». Et parce qu’ils admiraient l’acteur, ils désiraient depuis longtemps travailler avec lui. Ça tombait bien: «J’aime tous leurs films et, à mes yeux, ils étaient les meilleurs pour m’accompagner dans cette première expérience.»

Mais - car on sent qu’il y avait un «mais» - l’acteur n’est pas de ceux qui font confiance aveuglément. «Il y a trop de gens qui sont drôles à l’écran mais qui, quand vous les rencontrez, sont sombres, tourmentés.» Il ignorait dans quel camp se trouvaient Adam McKay et Will Ferrell, jusqu’à ce qu’il leur parle et découvre «deux types charmants, très sérieux à propos de ce qu’ils font mais qui ne se prennent pas au sérieux».

Il s’est donc senti assez en confiance pour accepter l’aventure proposée dans The Other Guys. D’autant plus que «ça a immédiatement cliqué avec Will, sur plusieurs plans: nous sommes tous les deux pères et, pour nous, c’est désormais la famille avant tout», dit celui qui n’a pas toujours rêvé d’être comédien: dans le milieu où il a grandi, on ne fait pas ce genre de rêves.

Le sport, par contre... «Pendant des années, je me suis imaginé faire une carrière d’athlète. Au baseball, au hockey, au football, en boxe, peu importe», indique-t-il.

La vie en a décidé autrement. Il ne s’en plaint pas. «Oui, je suis à une bonne étape de ma carrière en ce moment. J’ai l’occasion d’essayer plusieurs choses et c’est ce qui me plaît dans ce métier.» Comprendre de varier les genres et de déjouer les «colleurs» d’étiquettes.

Parce que le drame peut par moment être lourd à porter: «Je travaille tellement fort pour avoir le personnage dans ma tête que j’essaie, même en dehors des heures et des journées de travail, de ne pas sortir de cet espace mental. C’est pour ça que j’attends avec impatience la fin du tournage, pour laisser partir tout ça et retourner à ma vie.»

En ce sens, une parenthèse comme The Other Guys est du genre «enchantée».