Dans son premier long métrage, Christopher Thompson évoque le passage à l'âge adulte à travers l'histoire d'amitié de deux jeunes musiciens ayant l'ambition de percer dans le monde du rock.

Christopher Thompson rôde autour des plateaux de cinéma depuis sa plus tendre enfance. Quand on est le petit-fils de Gérard Oury (La grande vadrouille, Les aventures de Rabbi Jacob) et le fils de Danièle Thompson, une éminente scénariste (La reine Margot) qui a aussi fait sa marque en tant que réalisatrice (Fauteuils d'orchestre), des bobines de films défilent forcément dans notre tête.

Rompu à l'écriture grâce à sa collaboration avec sa mère, mais aussi avec d'autres scénaristes (Thierry Klifa, notamment), Christopher Thompson a quand même attendu d'avoir franchi la quarantaine avant de passer à son tour derrière la caméra. L'idée de Bus Palladium a surgi dans son esprit le jour où il a vu une bande de jeunes adultes entrer de façon enthousiaste avec des guitares dans un McDo.

«J'ai vu entrer ces jeunes hommes et je me suis reconnu immédiatement en eux, a expliqué l'auteur cinéaste au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Il y avait cette complicité, cette arrogance presque. Un sentiment d'avoir la vie devant soi et de pouvoir en faire ce que l'on veut. Ce sentiment, je le connais. Nous le connaissons tous, à vrai dire. C'est celui qui nous anime quand on a 20 ans.»

Cette vision a évidemment renvoyé l'homme à sa propre adolescence, vécue dans les années 80.

«À cette étape de la vie, on vit en bande, mais on noue aussi des amitiés à l'intérieur desquelles on se construit ensemble. J'ai campé l'intrigue de Bus Palladium dans les années 80 parce que cette époque correspond à la mienne, mais cela n'est qu'accessoire. Il s'agit davantage d'une évocation de cette étape importante de la vie que de la reconstitution d'une époque. Je n'éprouve d'ailleurs aucune nostalgie. Et comme j'ai déjà été musicien moi aussi...»

Une histoire d'amitié

Sans insister sur les «clichés» de l'époque, Bus Palladium relate l'histoire d'une bande de jeunes qui souhaitent devenir des stars du rock grâce au groupe qu'ils ont formé. Le récit se concentre sur la relation entre deux amis d'enfance aux personnalités diamétralement opposées, qui emprunteront peut-être des trajectoires différentes. Marc-André Grondin et Arthur Dupont incarnent ces deux mecs qui, bien qu'évoluant de façon distincte, éprouvent néanmoins l'un pour l'autre une réelle affection.

Thompson affirme en outre que le jeune acteur québécois fut le tout premier à avoir été joint une fois le scénario écrit.

«Comme tout le monde, je l'ai trouvé formidable dans C.R.A.Z.Y. Il y a peu d'acteurs comme lui en France», dit le réalisateur.

Le récit reposant sur une dynamique de groupe, il importait à l'auteur cinéaste de bien harmoniser les personnalités.

«Marc-André fait preuve d'une très grande polyvalence, indique-t-il. Voilà un acteur francophone qui peut tout faire. Même s'il est encore très jeune, il connaît déjà le métier à fond. Son jeu est extrêmement fin. C'est un vrai plaisir de raconter ce film avec lui et avec les autres acteurs qui ont accepté de participer à cette aventure.»

Thompson ne sait pas encore quelle avenue empruntera sa carrière, mais il est certain que des désirs de réalisation sont bien inscrits dans son ADN.

«Chaque film est une montagne à gravir, prévient-il toutefois. Et il doit avoir sa propre raison d'être. Je serais évidemment le plus heureux des hommes si je pouvais tourner un autre film dans six mois. Mais je sais bien que cela ne correspond pas à ma réalité. J'ai en effet l'impression que j'aurai toujours besoin de beaucoup de temps de maturation avant de me lancer dans le tournage d'un film. Ce travail est toujours en évolution. J'ai consacré trois ans de ma vie à Bus Palladium. Et j'en ai savouré chaque minute. Honnêtement, je suis très heureux du film que j'ai fait.»

Bus Palladium est présenté au FFM le 30 et le 31 août. En salle le 3 septembre. Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.