Dans la vie, leur relation amoureuse est des plus tumultueuses. Ils sont ensemble, ils ne le sont plus, le sont-ils encore? Mais dans Going the Distance, Drew Barrymore et Justin Long affichent une chimie qui explose comme un feu d'artifice. Rencontre avec les artisans de cette comédie romantique qui joue sur l'air de «la distance n'a plus d'importance.» Ou presque.

Garrett et Erin se rencontrent à New York, où il vit et travaille pour une maison de disques et où elle fait un stage d'été en journalisme dans un quotidien. L'automne revient (c'était prévu) et elle doit rentrer chez elle, à San Francisco, pour terminer ses études (c'était aussi prévu). Ils s'aperçoivent alors que leur histoire, amorcée sur le ton «pas d'attaches», est plus qu'une passade (ça, ce n'était pas prévu).

Ils décident donc de tenter la relation à distance, avec l'aide de tous les moyens de communication d'aujourd'hui. Le téléphone, bien sûr, mais aussi Skype, les textos et - pourquoi pas? - les petits sauts en avion une fois de temps en temps. Il y aura des perturbations en cours de trajet. Mais leur ceinture (pas celle de chasteté!) étant bien attachée, peut-être arriveront-ils à bon port - amoureusement parlant.

Pour incarner ce couple moderne, Drew Barrymore et Justin Long. Qui se sont rencontrés sur le plateau de He's Just Not That Into You, en 2007. Ç'a cliqué. Explosé. Re-cliqué. Explosé de nouveau. Maintenant? Allez savoir! Lors de la conférence de presse qui s'est tenue à Los Angeles deux semaines avant la sortie de Going the Distance - les (ex?) tourtereaux étaient accompagnés de six autres personnes (réalisatrice, covedettes, producteurs), ce qui n'a pas empêché quelques malaises - la question n'a pas été abordée de front. Ni de côté. Ni par en arrière.

Le réalisme avant tout

Ce qui ne veut pas dire que les «panélistes» avaient leur langue dans leur poche. Une telle attitude aurait été décevante dans le contexte: cette comédie romantique se démarque par ses dialogues plus crus que la normale (hollywoodienne) et par l'absence de gants blancs dans les situations qu'elle expose.

Exemple? «J'ai eu l'impression qu'elle me faisait une coloscopie», a pouffé Justin Long à propos de Christina Applegate (interprète de la soeur mariée et très protectrice d'Erin), qui venait de mentionner que sa scène la plus difficile avait été celle où elle avait eu à «examiner tous les orifices» du comédien. Lequel s'ébattait alors avec Drew Barrymore sur une table de cuisine. «C'était le premier jour de tournage, se souvient la vedette de Samantha Who? et je me suis presque disputée avec Nanette (Burstein, la réalisatrice). Elle voulait que je les regarde plus longtemps, mais je ne pouvais pas: si quelque chose du genre m'arrivait vraiment, je détournerais les yeux!»

Or, le mot d'ordre de l'équipe était: réalisme. En particulier dans les dialogues. C'est un des aspects de ce projet qui ont attiré Drew Barrymore: «Je n'avais plus envie de jouer la fille farfelue et fofolle. Erin est différente. Elle est bien en compagnie des gars, mais elle est bien avec les femmes aussi, elle a une colonne vertébrale, elle est drôle... et je peux complètement m'identifier à elle aujourd'hui.»

D'autant qu'il n'y avait pas à se censurer, poursuit-elle. «Je tenais à ce qu'il y ait beaucoup d'honnêteté dans le film», indique le producteur Adam Shankman, qui est allé chercher la réalisatrice pour son naturel (entre les moments plus burlesques et «dramatisés», fiction oblige). Car Nanette Burstein est avant tout une réalisatrice de documentaires (On the Ropes, nommé aux Oscars). Elle devait donc être capable de saisir la réalité d'une relation entre jeunes gens qui vivent en milieu urbain. Qui ne parlent et n'agissent pas comme dans les comédies romantiques cotées «pour tous»... où l'on ne voit pas non plus les deux personnages principaux avoir des conversations sexuellement explicites au téléphone, chacune dans son fuseau horaire - et dans son lit.

Une scène mémorable. À l'écran. Et, semble-t-il, pendant le tournage. Deux «chambres» avaient été construites sur le plateau. Dans un lit, Drew Barrymore. Dans l'autre, Justin Long. Qui se parlent sans se voir. Discutent vêtements, pensées «impures». Font quelques gestes à l'avenant. «On s'est amusé par la suite à comparer nos expériences, raconte le comédien. Moi, faisant semblant de me masturber dans une pièce pleine de gars et Drew, dans son coin, où régnait un silence de mort plein de respect. Ils étaient tous là autour, à marcher sur la pointe des pieds et à murmurer. De mon côté, Nanette arrive soudain... et commence à m'expliquer quelle était, du point de vue cinématographique, la meilleure manière de se masturber. Je lui ai dit que ça irait, que j'avais de l'expérience dans le domaine.»

Et tous d'éclater de rire au souvenir de cette scène - où tout, même la référence à Mark Walhberg en caleçon - était écrit. «Quoi, il y avait un scénario?» s'esclaffe Jason Sudeikis (Saturday Night Live), qui incarne l'un des meilleurs amis de Garrett et fait référence au fait que les acteurs ont été encouragés à improviser. «Oui, oui. Je l'ai lu récemment et il est très bon», répond du tac au tac Charlie Day (It's Always Funny in Philadelphia), qui interprète l'autre meilleur ami - et coloc très indiscret et sans pudeur - de Garrett: l'utilité des portes, celle des chambres à coucher comme des salles de bains, il ne connaît pas.

Oui, elle est très colorée, la faune de Going the Distance. Et elle donne envie de faire du kilométrage en sa compagnie.

Going the Distance (Loin des yeux) a pris l'affiche le 3 septembre. Les frais de voyages ont été payés par Warner Bros.