Dans ses nombreuses interprétations du Mal, l'être humain aime bien rester proche de... l'être humain.

«On essaie toujours de faire des films avec des personnages qui ressemblent à des humains, que ce soient des vampires, des extra-terrestres, des robots. Le loup-garou, la bête féroce humaine, c'est le méchant ultime. On aime l'haïr», analyse Philippe Gagnon, réalisateur du film Le poil de la bête en salle vendredi prochain.

Dans celui-ci, les loups-garous sont les deux fils d'un noble, le seigneur de Beaufort, qui occupe ses temps libres à choisir des filles du Roy pour peupler la colonie. Homme impitoyable sous son sourire poudré, le dit seigneur voit un obstacle se dresser sur son chemin. Son nom: Brind'amour. Son statut: prêtre. Et... coureur de jupons. Curieux double-emploi. À moins que Brind'amour se soit fait usurper son identité...

On retrouve des traces de ce Brind'amour dans la littérature québécoise, rappelle Gagnon qui voit dans ce personnage tous les éléments du superhéros.

«Un héros québécois en Nouvelle-France s'attaquant à des bêtes maléfiques?! Pour un petit gars comme moi qui a grandi avec la télévision, c'est sûr qu'il y a un intérêt, résume-t-il. On crée un monde. Je prends tous les éléments de la Nouvelle-France et je les décale un peu afin que l'on sente qu'on est dans un univers semi-parallèle.»

La genèse du projet remonte à plusieurs années lorsque Gagnon a fait la connaissance des scénaristes Stéphane J. Bureau et Pierre Daudelin à l'Institut national de l'image et du son (INIS). Il lit le scénario et se porte illico volontaire pour la réalisation. Ce scénario, ajoute-t-il, avait tous les ingrédients nécessaires pour faire une bonne histoire.

Plus aventure que comédie

Gagnon aime les mondes parallèles. Réalisateur de Dans une galaxie près de chez vous II, il fait des rapprochements entre les deux films.

«C'est très parallèle, dit-il. Il y a beaucoup de choses qui se rapprochent et qui s'éloignent. Un des films se passe dans le futur, l'autre dans le passé. Les deux sont des espèces de réalités tordues, un peu au-delà du réel et avec des effets spéciaux.»

Le poil de la bête est cependant moins une comédie que Dans une galaxie..., une comédie assumée avec un fond dramatique, croit-il. «Le poil de la bête est un film d'aventure avec un humour qui plane.»

À son avis, le ton employé dans son nouveau film rappelle ce qu'on a vu et entendu dans Indiana Jones. «Par moment, on rit, comme lorsqu'Indiana sort son fusil (son arme de poing pour tuer un opposant maniant un sabre gigantesque

et parfois on a peur comme lorsque le nazi fond à la fin», dit Gagnon en référence au troisième opus.

Pour qu'un film de loups-garous soit réussi, il faut aussi utiliser les moyens techniques les plus modernes, ajoute le réalisateur. Comme ici où les producteurs ont fait appel à Hybride, une boîte ayant travaillé sur Avatar et 300, pour les scènes de métamorphoses.

«Quatre-vingt pour cent des prises du loup-garou adulte sont numériques, dit Gagnon. Pour faire la créature en 3D, Hybride avait les meilleures personnes.»

Mais tout cela coûte très cher. Le réalisateur a négocié la numérisation au 1/24e de seconde près. «Si on avait besoin de trois secondes, soit 72 images, on en recevait 72, peut-être 80, mais sûrement pas 125.»

C'est aussi pour cette raison que l'ensemble du tournage a été fait dans la région de Montréal et qu'on n'y voit pratiquement aucun plan d'eau où il aurait fallu effacer (à grands frais

des éléments modernes. «On a décidé de mettre l'argent dans le film plutôt que dans des chambres de motels et du transport en autobus.»

La suite déjà en préparation

Le sang des protagonistes du Poil de la bête n'a pas fini de sécher que les producteurs et scénaristes ont déjà commencé à écrire une suite. Le poil de la bête II : Les enfants de chiennes, est en cours d'écriture, affirme Philippe Gagnon. Films du boulevard, la boîte de production derrière le premier film, est en recherche de financement. On évoque même une trilogie. Mais avant d'en arriver là, Gagnon a un projet plus avancé sur sa table de travail. Intitulé Territoire, son prochain long métrage sera un thriller où des chasseurs et des amateurs de plein air se rencontrent sur le même territoire. Attention: tragédie à l'horizon. La distribution comprendra Rémy Girard, Robin Aubert, Michel Barrette et Évelyne Brochu. Gagnon souhaite amorcer le tournage au printemps 2011.

Lisez égalemeent Trois fois la peur.