Nicolas Cage et Ron Pearlman, Ghost Rider et Hellboy donc, ont quitté les flammes de l'enfer familières aux superhéros qu'ils ont incarnés au grand écran, afin d'explorer une autre géhenne. La «saison de la sorcière» du titre, c'est l'hiver. Rencontre chaleureuse sur fond de neige et de glace.

Enfant solitaire, Nicolas Cage a passé des heures dans le château en bois que son père avait construit derrière la maison familiale. Ses premiers «rôles» ont été ceux de chevaliers, ses premiers «décors», des forteresses médiévales. Depuis, dit-il en conférence de presse à l'hôtel Dorchester de Londres, il a toujours désiré incarner ce genre de personnages, dans ce type d'environnement.

Avec Season of the Witch, le réalisateur Dominic Sena, qui l'a dirigé dans Gone in Sixty Seconds et qui semble s'être trouvé des affinités avec les intrigues glaciales (Whiteout), lui a donné cette chance.

«Je terminais le tournage de Bad Lieutenant, à La Nouvelle-Orléans, où c'était chaud et humide, quand je suis arrivé dans ces montagnes... Ce sont les plus beaux paysages dans lesquels j'ai tourné», assure le comédien - appuyé en ce sens par Robert Sheehan, qui incarne un aspirant chevalier: «Entre deux prises, tout le monde se réfugiait sous les tentes, les pieds sur le chauffage. Nic était dehors, dans la neige et le froid, heureux comme tout.»

Pourtant, comme le souligne Ron Pearlman, covedette du film, «c'était un tournage extrême. L'époque, la vraie, n'était pas des plus confortables. L'environnement contre lequel nous luttions nous a aidés à rendre cet inconfort, cette dureté du XIVe siècle», dit celui qui est déjà allé plus loin encore dans l'exploration du passé de l'humanité dans La guerre du feu.

Season of the Witch, donc, c'est l'histoire de deux frères de sang (c'est le cas de le dire), deux chevaliers qui ont passé des décennies à se battre au nom du Christ, durant les croisades. Behmen (Cage) en sort avec de gros doutes quant aux raisons de ces carnages. C'est pour cela qu'avec Felson (Pearlman), ils se glissent en douce hors des rangs de l'armée sainte pour rentrer chez eux. Ils découvrent alors une Europe ravagée par la peste noire. Arrêtés pour désertion, les deux hommes sont acculés: ils passent en justice (et dans ce temps-là, elle avait le bras - du bourreau - très long), où ils conduisent une jeune femme accusée de sorcellerie et d'être responsable de l'épidémie (Claire Foy) jusqu'à une abbaye reculée pour y subir un exorcisme.

Le salaire de la peur

«Le scénario m'a fait penser à celui d'un de mes films préférés, The Wages of Fear (Le salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot), mais au lieu de transporter de la nitroglycérine, on transporte une fille», résume Nicolas Cage. Et au lieu des déserts de sable africain, les forêts enneigées des Alpes autrichiennes où ont été tournées les scènes extérieures. C'est à travers ces paysages accidentés que les acteurs ont eu à pousser et à tirer la cage, énorme, dans laquelle la sorcière est prisonnière.

«Nous avions deux types de rails pour la déplacer, un pour la pluie et l'autre pour la neige... mais il suffisait que nous installions le premier pour qu'il se mette à neiger et vice-versa», se souvient le producteur Charles Roven. «Par moment, on avait l'impression d'être dans Fitzcarraldo», rigole Ron Pearlman. Mais là encore, le froid au lieu de la chaleur.

La seule qui «profitait» de la situation: Claire Foy. Qui ne porte pas de nom dans le film. Elle est la fille, point. Et elle passe la plus grande partie du long métrage dans la fameuse cage. «Mais ils me permettaient d'en sortir une fois de temps en temps!» assure avec humour celle qui a été formée au théâtre et qui fait ici ses débuts au grand écran. «Oui, j'ai paniqué, le premier jour de tournage, de me trouver en présence de Nic et de Ron... mais c'est passé après la première scène. Honnêtement, vous ne pouvez pas être impressionnée pendant quatre mois et faire correctement votre travail», ajoute-t-elle en riant.

La fille

Le rôle de «la fille», elle l'a décroché après audition. «Nous avions besoin de quelqu'un qui puisse jouer la vulnérabilité et la manipulation, la colère et le désespoir, la méchanceté et la pureté», indique Charles Roven. Et passer d'un état à l'autre en une fraction de seconde. «Elle change de rouage très, très rapidement», abonde Claire Foy dont la prestation a convaincu les principaux intéressés.

«Nous, on l'a admirée du début à la fin, pendant quatre mois», s'amuse Nicolas Cage, revenant sur la boutade de sa partenaire à l'écran. Quant à son «amitié» avec Ron Pearlman, elle n'a pas été compliquée à feindre devant les caméras, dit-il: «On est des acteurs, on fait ça tout le temps. On pourrait faire semblant d'être amoureux d'un annuaire téléphonique et vous convaincre que c'est vrai. Mais, bon, il se trouve qu'entre Ron et moi, ça a vraiment cliqué.»

Pas de froid entre eux sur le plateau. Du moins, autre que celui envoyé généreusement par Dame Nature.

Season of the Witch (La sorcière noire) prend l'affiche le 7 janvier.

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm.