Parti vendredi de Miami, où il est en tournage, le comédien américain Danny Huston a fait un saut à Montréal au cours du week-end dans le cadre de la première mondiale du film Playoff au Festival des films du monde. Le fils du célèbre réalisateur John Huston y défend le rôle de Max Stoller, survivant de l'Holocauste qui retourne en Allemagne pour devenir entraîneur de l'équipe nationale de basket-ball. Homme souriant et affable, à des années-lumière de son personnage taciturne dans le film d'Eran Riklis, M. Huston s'est entretenu avec La Presse.

Q. Compte tenu, entre autres, du rôle que vous avez joué dans le film The Aviator, ce n'est sans doute pas votre première visite ici...

R. Oui, j'ai séjourné plusieurs fois à Montréal. Uniquement pour The Aviator, j'y ai fait trois ou quatre visites. J'aime la vie ici, surtout en été. Je n'étais jamais venu au Festival des films du monde, mais j'ai vu des spectacles au Festival de jazz alors que j'étais en ville pour le boulot.

Q. Quels sont les thèmes du film Playoff?

R. En un sens, ce film est une histoire de fantômes. Il porte sur la mémoire et sur le fait que la mémoire peut parfois vous trahir, ou encore que votre propre interprétation de la mémoire est décalée par rapport à la vérité. Il est aussi question des frontières et des nationalités, ce qui s'inscrit totalement dans l'esprit des films d'Eran Riklis; il affectionne l'idée de faire tomber les frontières.

Q. Parlez-nous de votre personnage...

R. Max Stoller désire être un bon entraîneur. Il est persuadé qu'il peut conduire l'équipe nationale allemande au succès. Mais, dans son subconscient, il retourne en Allemagne pour faire face à ses démons. J'aime cette dualité.

Q. Situer l'histoire en Allemagne à une époque où le mur de Berlin est encore debout fait écho à l'histoire de Max. Qu'en pensez-vous?

R. Oui, c'est le cas. Vous avez sans doute remarqué que, jusqu'à la fin du film, Max porte un manteau de sport avec ce gros logo de l'aigle noir allemand. On dirait qu'il n'est pas conscient de la valeur symbolique de ce blason.

Q. D'ailleurs, le film place la ville dans la grisaille, même si nous sommes en Allemagne de l'Ouest...

R. On dirait en effet que toute la pellicule a été poncée au papier sablé. Il y a beaucoup de tons de gris. C'est aussi le cas du personnage principal. Sa mémoire le pourchasse et devient un poids lourd à traîner. À la fin, en un sens, il est libéré par la vérité qui surgit.

Q. Quelle a été votre réaction à la première lecture du scénario?

R. Voilà une histoire à succès impliquant mon agent (rires)! Ce dernier m'a refilé le scénario en me disant que ça pourrait m'intéresser. En effet, j'ai tout de suite été séduit par la complexité de ce personnage. Et puis, l'histoire coule facilement sans forcer le passage des intrigues. J'avais vu Les citronniers ainsi que La fiancée syrienne (ndlr: Grand Prix des Amériques au FFM en 2004) et j'ai demandé à rencontrer Eran. Il s'est déplacé de New York à Los Angeles uniquement pour dîner avec moi durant deux heures. Et voilà!

Q. Quel type de réalisateur est-il?

R. Il y a beaucoup de simplicité dans ce qu'il fait. En même temps, il est très conscient de la symbolique de ses films et de ses sujets. Par exemple, dans Playoff, je suis un entraîneur israélien qui refuse de parler allemand même s'il le parle. En même temps, il se retrouve devant ces joueurs de basket-ball aryens. J'aime ces juxtapositions où le réalisateur ne prend pas position.

Q. À quel point l'histoire de Max rejoint la vraie histoire de Ralph Klein, cet entraîneur israélien qui a pris en charge l'équipe nationale ouest-allemande de 1983 à 1985?

R. Elle s'en rapproche beaucoup, je dirais. J'ai rencontré la femme et les filles de Ralph ainsi que des joueurs qu'il a entraînés. Il m'ont tous dit que l'histoire ressemble à celle de Ralph. Pour moi, il était important de jouer Max, de ne pas incarner Ralph Klein. Ça me donnait plus de liberté dans l'interprétation. J'ai hâte d'aller présenter le film en Israël, en novembre prochain.

Q. Êtes-vous un fan de basket-ball?

R. Je suis grand, mais je ne joue pas au basket. Par contre, comme je demeure à Los Angeles, je suis un fan des Lakers. C'est mon équipe!

Q. Que faites-vous actuellement?

R. Je suis en train de tourner un film intitulé Magic City pour la chaîne câblée Stars. Ça se passe à Miami en 1959. J'interprète Ben Diamond, un Cubain qui a quitté son île et qui tente de blanchir de l'argent sale dans un complexe hôtelier de la ville.