Durant un bon moment, le cinéaste québécois Pedro Pires s’est pris d’un grand intérêt pour un tableau de Salvador Dali. Régulièrement, il examinait cette toile dans un ouvrage pour en comprendre tous les détails. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il a vu le tableau réel dans un musée de New York.

«Il était tout petit. Plus petit que sa reproduction dans mon livre», relate M. Pires.

Déçu?

«Pas du tout, répond-il. J’étais plutôt impressionné.»

C’est ainsi que le réalisateur des courts métrages Danse macabre et Hope voit son art. «Le court métrage est comme un petit tableau de peintre par rapport au long métrage qui est un grand tableau. De plus, le court métrage est une proposition. On peut se permettre d’essayer toutes sortes de choses.»

Pedro Pires est au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur pour présenter Hope, film adapté de la pièce de théâtre Jimmy, créature de rêve de Marie Brassard. «C’est un film surréaliste, onirique et poétique sur la dévastation de la guerre, résume le réalisateur.»

Dans ce court métrage, un général à l’agonie (l’acteur montréalais Bill Croft) se trouve dans un no man’s land voisin oscillant entre débordement de conscience et mauvais rêve.

«Ce général a des pensées inconscientes qui flottent, expose le cinéaste. Il se trouve dans le corridor d’un salon de barbier infini qui symbolise l’idée du tunnel de lumière que plusieurs personnes disent avoir vu dans une situation de mort imminente. Le général côtoie un barbier qui porte le mot «Hope» écrit dans le dos. Devant l’horreur de la guerre, il décide de rester dans le corridor du barbier.»

On pourrait voir dans ce scénario une représentation fantasmée des effets du syndrome de stress post-traumatique, choc psychologique dont souffrent plusieurs militaires. M. Pires préfère évoquer «le résultat de la guerre sur l’esprit».
Il y a quelques semaines, son court métrage a été lancé au festival de Telluride au Colorado. Dans le monde des festivals, Telluride, avec sa sélection très serrée d’une vingtaine de films, est dans une classe à part. «Je me suis dit que si les organisateurs l’ont choisi, c’est qu’ils ont vu quelque chose là-dedans», dit humblement le réalisateur.

Depuis cette sortie, Hope, produit et distribué par PHI Group, a déjà été sélectionné dans une dizaine de festivals. Les cinéphiles pourront le voir la semaine prochaine dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma. Rappelons que Danse macabre avait participé à 140 festivals et récolté une quarantaine de prix!

Retour au Ring de Lepage
Natif de Québec, Pedro Pires est un collaborateur de longue date de Robert Lepage. Il travaille actuellement à la conception des projets stéréoscopiques en 3D de Siegfried, le troisième volet du Ring, tétralogie de Wagner présentée au Metropolitan Opera de New York depuis l’automne 2010.

«Sur la scène, on retrouve une immense structure mobile de 24 pâles qui reproduit toutes sortes de choses (vagues, escalier, etc.) selon leur position, explique le cinéaste. Nous allons projeter des images sur ces pâles et leur perspective va se modifier selon la rotation de celles-ci. Cela donnera un effet de trois dimensions aux images.»

Après une courte tournée de festivals pour Hope, M. Pires retournera à New York pour mettre la dernière main à ce projet. La première de Siegfried aura lieu le 27 octobre.

Les frais de ce reportage ont été payés par le FIFF.