C'était soir de première mondiale hier à Namur pour le réalisateur québécois Benoit Pilon. Ce dernier a présenté son nouveau film Décharge au public du Festival international du film francophone (FIFF).

Une première s'inscrivant en toute logique dans le parcours du cinéaste qui a une affection particulière pour ce festival belge. «Bien sûr, nous avons tenté d'être sélectionnés ailleurs, comme à Cannes, dit-il. Mais ça me fait très plaisir de lancer mon long métrage ici, puisque c'est mon cinquième film qui vient à Namur.»

En 2003, son film Roger Toupin, épicier variété avait remporté le grand prix (Bayard d'or) du meilleur documentaire au FIFF. Son premier long métrage de fiction, Ce qu'il faut pour vivre, faisait partie de la programmation de 2008. Et l'an dernier, il siégeait au jury.

Mieux encore, c'est à Namur qu'est née la collaboration entre Benoit Pilon et le producteur Richard Lalonde (Forum Films) pour ce projet. «Ce que j'aime de Benoit est qu'il a toujours une empathie pour ses personnages qui sont souvent les laissés-pour-compte de la société, dit le producteur. De plus, il travaille depuis toujours avec le même directeur photo, Michel La Veaux. Il a transposé dans ses fictions tout son bagage de documentariste.»

Inscrit en compétition officielle du présent festival, Décharge est un drame social où s'entremêlent plusieurs démons: désir, culpabilité, drogues. L'histoire raconte la vie de Pierre Dalpé (David Boutin), gestionnaire d'une petite entreprise d'enlèvement des ordures. Sa vie bascule le jour où il se donne pour mission de nettoyer son quartier des petits revendeurs de drogue.

Sur sa route, il croise Ève (Sophie Desmarais), jeune junkie que Pierre décide de prendre sous son aile. Mais pourquoi? Et à quel prix! À partir de cette rencontre débute une longue descente aux enfers qui marquera au fer rouge sa vie comme sa relation avec sa conjointe Madeleine (Isabel Richer) et leurs trois enfants.

«J'aimais cette idée de contradiction entre quelqu'un qui veut nettoyer son quartier mais tombe amoureux d'une des personnes qu'il doit chasser, explique le réalisateur. Il y a aussi cette idée de deuil mal fait chez le personnage masculin. Et en même temps, le film aborde la question des limites d'une relation d'aide. Il pose des questions sans pour autant donner de réponses. J'avais envie de faire un long métrage ancré dans une réalité sociale, mais qui n'est pas un film à message social.»

Si l'histoire se développe lentement, la mise en scène est le point fort du film. En prostituée junkie, Sophie Desmarais est remarquable, alternant l'absence, l'insolence et la recherche affective des hommes.

Après Namur, Décharge sera présenté la semaine prochaine au Festival du nouveau cinéma (section Panorama) avant de prendre l'affiche en salle le 21 octobre. Le film sera aussi présenté dans les prochaines semaines aux festivals d'Abitibi-Témiscamingue et de Vancouver ainsi qu'à la Semaine du cinéma québécois à Paris, en novembre.

Les frais de ce reportage ont été payés par le FIFF.