Michelle Monaghan est une actrice caméléon. Du drame à la science-fiction. De Sofia Coppola aux frères Farrelly. Et à Machine Gun Preacher, une œuvre biographique signée Marc Forster. Pourquoi se cantonner à un genre quand on peut les essayer tous ? Conversation avec une «infidèle» de grand talent.

Il y a des choses auxquelles on ne peut tout simplement pas dire non. Pour Michelle Monaghan, Machine Gun Machine en fait partie: «C’est un de ces scénarios que vous recevez et qui vous donne envie de participer au projet. Parce que le sujet est important; le message, édifiant et motivant; et le réalisateur, un rêve», a résumé l’actrice, que La Presse a rencontrée à Toronto.

On la croit. Parce que Michelle Monaghan est de ces femmes qui dégagent une énergie faite de lumière et de gentillesse. Quand elle sourit, et elle sourit beaucoup, c’est du fond du cœur. Quand elle répond aux questions, c’est avec esprit et allant. Et, dans le cas de Machine Gun Preacher de Marc Forster, avec ferveur. Comme tous ceux qui ont fait partie de cette aventure, il y a là plus pour elle qu’un nouveau rôle.

«J’ignorais à quel point la situation était grave au Soudan. Plus de 2 millions de personnes ont été tuées par Joseph Kony et les rebelles du LRA (l’Armée de résistance du Seigneur). Ces gens sont des meurtriers en série de la pire espèce, il faut que cela soit connu, dénoncé. Tous ces enfants qu’ils forcent à devenir soldats, ces fillettes qui sont transformées en esclaves sexuelles, ces tortures...», poursuit Michelle Monaghan.

Du temps chez les Childers


Sam Childers, ex-taulard, ex-trafiquant de drogue, motard, ignorait complètement la chose, lui. Jusqu’à ce qu’il la découvre en allant sur place.

Celui qui dit «avoir découvert Dieu en 1992 et le diable en 1998», est arrivé en Afrique dans l’espoir de signer des contrats pour sa société de construction. La réalité l’a pris au cœur et aux tripes. Le «machine gun preacher», c’est lui. Parce qu’il a pris le marteau pour bâtir un orphelinat où abriter les jeunes victimes de cette guerre intestine. Et les armes, pour protéger «ses» enfants.

Gerard Butler est devenu Sam Childers. Et Michelle Monaghan, Lynn, sa femme. «Son roc, assure la comédienne. Lynn est très forte, elle a changé Sam, qui est lui-même une force de la nature.» Elle l’a aidé à s’éloigner de la voie du crime, sur laquelle il s’était engagé. Et elle n’a jamais baissé les bras, malgré les temps durs. «Elle a passé combien de nuits blanches quand il était en prison? Et combien de nuits blanches après, quand il était au Soudan?»

Michelle Monaghan sait cela parce qu’elle a passé beaucoup de temps chez les Childers, en Pennsylvanie. Pour observer le couple. Poser des questions. Écouter. Trouver Lynn en elle. «Elle est très terre-à-terre. Elle ne se laisse pas emporter par les émotions, même dans ces situations où, comme actrice, j’aurais eu envie de lâcher le maximum. Mais je ne pouvais pas. Je devais me rappeler que j’incarnais une personne très réelle. Et très différente de moi.»

Le défi, pour elle, a donc été de ne pas suivre son instinct. Et de s’appuyer sur les directives de Marc Forster, «qui est tellement calme et concentré! Et, aussi, qui possède un vrai sens de l’humanité. Il comprend les gens – les gens comme nous, les acteurs; les gens du public; et les gens comme Sam.»

Au sujet de ce dernier, elle aime que les artisans de Machine Gun Preacher n’aient pas tenté d’en faire un héros immaculé. Le film n’en est, selon elle, que plus près de la réalité et son message, plus fort: «Rien n’est totalement blanc ou totalement noir, le fait que vous fassiez de grandes choses ne signifie pas que vous êtes parfait et le fait que vous en fassiez de mauvaises, que vous êtes complètement mauvais. La vie est plus compliquée que ça.» Celle de Sam Childers en est une bonne illustration.

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Machine Gun Preacher prend l’affiche vendredi