Dans quelques jours, elle mettra les pieds au Québec pour la toute première fois. L'occasion sera belle de se familiariser avec un pays qu'elle fréquentera plus longtemps l'été prochain. Valérie Donzelli donnera en effet la réplique à Pierrette Robitaille et Marc-André Grondin dans Vic et Flo ont vu un ours, le prochain long métrage de Denis Côté.

Mais ce tournage québécois est encore bien loin dans le programme de l'actrice. Pour l'heure, la cinéaste est plus sollicitée. Son deuxième long métrage, La guerre est déclarée, lancé à la Semaine de la critique du Festival de Cannes, est en effet l'un des coups de coeur cinématographiques de l'année. Sorti il y a à peine plus d'un mois en France, où à peu près tous les superlatifs imaginables ont pu être relevés dans la presse, le film suscite aussi un bel engouement sur le plan international. La guerre est déclarée a en outre été choisi par le comité français pour participer à la course aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.

Valérie Donzelli sera de passage chez nous à la faveur de la présentation de son film, à la soirée d'ouverture du 40e Festival du nouveau cinéma de Montréal. L'auteure cinéaste est pourtant déjà très prise par la préparation de son prochain film. Le 24 octobre, elle amorce le tournage de son troisième long métrage en tant que réalisatrice. Main dans la main est un film à caractère fantaisiste axé sur la danse dont les têtes d'affiche sont Valérie Lemercier et Jérémie Elkaïm, acteur fétiche avec qui elle partage aussi une histoire intime.

«C'est grâce à Jérémie que le cinéma est entré dans ma vie il y a une quinzaine d'années, confie-t-elle à La Presse au cours d'un entretien téléphonique. Auparavant, j'appréciais le cinéma comme tout le monde, mais je suis vraiment devenue cinéphile en le côtoyant. C'est d'ailleurs lui qui, le premier, m'a encouragé à écrire et à réaliser.»

Aucun épanchement

La guerre est déclarée, dont l'auteure cinéaste a coécrit le scénario avec son complice Elkaïm, est inspiré d'une véritable épreuve qu'a vécue le couple, soit la maladie grave d'un enfant. Mais Valérie Donzelli s'est refusé tout épanchement.

«Ce n'est pas parce qu'on vit quelque chose de fort et de dramatique que cet événement se transforme automatiquement en bon sujet de cinéma, prévient-elle. Il n'y a strictement rien de thérapeutique dans cette démarche. Seul compte le cinéma.»

Sans être vraiment une comédie, La guerre est déclarée est à ranger au rayon de ces films dont les accents fantaisistes apportent une dose d'humanité et de lumière à une bataille de tous les instants.

«Ce film est conçu comme un film d'aventures, précise l'auteure cinéaste et interprète. À partir du moment où le diagnostic de la maladie de l'enfant est établi -une tumeur au cerveau-, je voulais explorer la dynamique qui s'installe entre deux jeunes parents que rien n'a préparés à ce genre d'épreuve. Et qui décident d'agir plutôt que de s'apitoyer sur leur sort.»

Une «machine de guerre à deux têtes», en quelque sorte. Valérie Donzelli, dont le premier long métrage, La reine des pommes, avait aussi reçu un accueil favorable, a utilisé toute la fantaisie que permet le septième art pour raconter cette histoire. Elle a quand même tenu à camper celle-ci dans un contexte réaliste. La réalisatrice a ainsi tourné son film dans de vrais hôpitaux, avec du vrai personnel médical. Si les personnages - qui portent les prénoms emblématiques de Roméo et Juliette - font face aux aspects parfois absurdes de la bureaucratie, leur chemin de croix dans le système de santé se révèle néanmoins salvateur.

«Ce film est une sorte d'hommage à tous ces gens qui y travaillent, souligne l'auteure cinéaste. Notre fils est totalement guéri aujourd'hui. Il était d'ailleurs important à mes yeux que le spectateur sache dès le départ que le petit Adam s'en sort. Autrement, j'aurais eu l'impression de manipuler le spectateur, de le prendre en otage.»

Valérie Donzelli, dont le talent d'actrice fut révélé il y a 10 ans grâce à Martha... Martha de Sandrine Veysset, a d'abord songé à donner le rôle de Juliette à une autre actrice.

«Il m'a toutefois fallu me rendre à l'évidence que je n'arrivais pas à confier le rôle à quelqu'un d'autre. Je ne voulais pas d'une actrice qui cherche la performance ou l'effet.»

La guerre est déclarée ouvre le Festival du nouveau cinéma de Montréal mercredi. Il sort en salle le 14 octobre.