Le cinéaste Louis Bélanger et le comédien, auteur et scénariste Alexis Martin ont co-rélisé le documentaire Louis Martin, journaliste présenté mercredi et dimanche dans le cadre du Festival du nouveau cinéma (FNC).

Dans notre édition de La Presse de mercredi, nous proposons aussi une entrevue avec Alexis Martin, fils du l’ancien journaliste décédé en janvier 2008.

> Notre entrevue avec Alexis Martin

1- Comment êtes-vous arrivé dans ce projet de documentaire?

«Pendant que nous écrivions mon film Route 132, Alexis a eu cette idée de faire un document sur son père. Il m’a demandé de le faire avec lui. Il trouvait plus intéressant de travailler ensemble. La proposition m’a plu même si je connaissais peu le personnage de Louis Martin et encore moins le fait qu’il fut un acteur important dans la mutation du journalisme au Québec. Mais, comme dans plusieurs de mes projets, l’amitié était aussi très importante. C’est souvent le moteur qui me conduit à la réalisation de projets. Pour le documentaire, Alexis avait une ossature et j’ai mis mon grain de sel là-dedans. Il voulait faire des reconstitutions. Je préférais des évocations. La reconstitution dans un documentaire, ça fonctionne rarement, car on n’a pas les moyens techniques pour en arriver à un bon résultat. C’est pour cela que j’ai proposé des choses que l’on voit telles l’évocation des salles de rédaction ou de la table familiale.»

2- Le film ne porte pas uniquement sur Louis Martin. Il constitue une mise en contexte de l’histoire du journalisme québécois...

«Complètement! On utilise Louis Martin comme un acteur, mais on parcourt une période de fortes transformations dans les moeurs journalistiques. Avant, les journalistes étaient plutôt des gens lettrés qui auraient pu devenir notaires, mais ne le voulaient pas. Alors que là, on a affaire à des gens qui sortent des nouveaux départements de sciences sociales. Ils ont un bagage différent de ceux de la génération précédente. Avant, les journaux étaient davantage des porte-voix des partis politiques. Alors que là, on envoie les journalistes sur le terrain, et ce, en même temps que la naissance de la télévision. Ils posent des questions, ils ont une grande rigueur qui n’existe pas avant.»

3-
Actuellement, d’aucuns craignent que le gouvernement Harper musèle la Société Radio-Canada. Mais cette réalité existait aussi sous le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau comme le rappelle votre film...

«Le documentaire est utile pour rappeler de telles choses. M. Trudeau disait alors haut et fort que si on a l’impression que le contribuable n’en a pas pour son argent, on va fermer Radio-Canada. À la question «Qu’est-ce que vous allez faire», il répond «On va mettre de beaux vases chinois.» C’est quand même une mise en garde assez musclée. Les jeunes ne savent pas que ça existe. C’était important de le rappeler comme il était important de rappeler l’importance des Jean-Louis Gagnon, du père Lévesque ou de Jean paré dans la transformation du journalisme.»

4- Que signifie le documentaire dans votre carrière?

«Pour moi, c’est un îlot de ressourcement. C’est un genre cinématographique, totalement différent, avec ses codes et ses contraintes. J’aime me relancer là-dedans. Pour moi, c’est comme retourner sur les bancs d’école. Je redeviens curieux à propos de sujets desquels je m’étais éloigné. Et ça me force à les creuser. C’est comme retourner à l’université pour approfondir un sujet.»