Fort de son tout récent prix du meilleur film canadien au Festival de Vancouver, le premier long métrage d’Anne Émond, Nuit # 1, entame sa carrière québécoise aujourd’hui au FNC.

Catherine De Léan et Dimitri Storoge sont les têtes d’affiche de ce drame psychologique en forme de huis clos intime, dans lequel deux inconnus se livrent à des confidences après avoir fait l’amour une première et dernière fois.

1- Nuit # 1 exige une mise à nu des personnages, tant sur le plan physique que psychologique. Est-ce le genre de projet qu’on accepte d’emblée en tant qu’actrice?

J’aime les défis. Ils ont quelque chose de stimulant. À la lecture, j’ai trouvé que ce scénario était un bijou. La plume, la profondeur, la poésie, tout y est. Il me semblait urgent de faire ce film. J’ai tout de suite eu envie de le défendre. Ce n’est qu’un peu avant le début du tournage que les appréhensions sont survenues. Mais je trouvais la démarche d’Anne si audacieuse, et courageuse aussi, que mes appréhensions se sont estompées. Et j’ai foncé.

2- Et comment s’est déroulé le tournage?

Comme il y a parfois des plans-séquences comportant beaucoup de dialogues, je me suis fait un devoir d’apprendre tout mon texte bien à l’avance afin de pouvoir m’en dégager au moment du tournage. Pour que tout soit naturel. J’ai beaucoup angoissé avant de tourner les scènes de sexe. Quand j’ai vu comment elles avaient été filmées et ce qu’elles donnaient à l’écran, je me suis finalement dit: tout ça pour ça? Franchement! Il n’y avait pas de raison de stresser autant. Des scènes de baise, on a vu ça des milliers de fois déjà. La nudité physique, on s’en balance. À vrai dire, le film devient beaucoup plus impudique quand on entre dans la souffrance intime des personnages. On approche alors de quelque chose qui devient beaucoup plus troublant pour le spectateur.

3- Croyez-vous que ce rôle va marquer un tournant dans votre carrière?


J’ai beaucoup de mal à mesurer l’impact qu’un tel film peut avoir. Au Québec, je ne sais plus trop où l’on en est avec les notions de pudeur ou de moralité. Est-ce que des scènes de sexe peuvent encore choquer? Peut-être que oui. Peut-être que non. Cela dit, le projet était tellement beau, tellement audacieux, que je ne pouvais pas me permettre de prendre ce questionnement en considération. J’étais prête à tout pour faire ce film. Et je l’assume complètement.

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Nuit # 1
, jeudi 13h et vendredi 21h à la salle Fellini de l’eXcentris. En salle le 16 décembre.