Le réalisateur français Romain Gavras est venu présenter récemment à Montréal son premier long métrage, Notre jour viendra, plutôt écorché par la critique hexagonale.

«Au début, ça m’irritait, avoue-t-il, mais maintenant, j’ai réussi à tourner l’irritation en plaisir! Avec le recul, je leur reconnais même une valeur (à ces critiques négatives).»

Avec ce film dense et provocateur, celui qui a mis en images les chansons Stress de Justice et Born Free de M.I.A. voulait simplement faire un premier film qui lui ressemble, «à prendre ou à laisser».

Il commence à se sentir un peu chez lui à Montréal, le cofondateur du collectif parisien Kourtrajmé. Il est venu ici pour la première fois «il y a presque 10 ans déjà» tourner un documentaire sur l’inénarrable rappeur Roi Heenok.

«Je suis venu souvent au cours de la dernière année pour travailler avec la boîte Sid Lee», révèle-t-il.

La dernière campagne publicitaire d’Adidas, avec Katy Perry et les footballeurs David Beckham, Blanka et Messi, c’est lui. Du boulot pour permettre la création de Notre jour viendra, film-choc dans lequel on retrouve Vincent Cassel, également producteur de l’œuvre.

Encore des roux

Notre jour viendra est un road movie glauque, campé dans le décor fascinant du nord de la France. Patrick (Cassel) est un psy désabusé; Rémy (Olivier Barthélémy), un grand ado frustré qui, se rebellant contre sa mère et sa sœur, fait une fugue et trouve chez le psy un compagnon de route.

«Le film peut paraître agressif, commente le réalisateur. Pour moi, c’est un film romantique, dans lequel plane une tension amoureuse entre ces deux fugitifs existentialistes.»

Leur but? Atteindre l’Irlande. Parce qu’ils sont roux et que l’Irlande est le pays des roux. Vraiment? Encore des roux, comme ceux traqués par les Marines américains dans le clip controversé de M.I.A.?

«Le film a été tourné avant le clip, explique Romain, fils du cinéaste engagé Costa-Gavras. J’étais frustré pendant le tournage du film parce que je n’avais pas assez de vrais roux.

Pour souligner un esprit de communauté qui n’existe pas vraiment, surtout qu’on apprend que les deux personnages ne sont pas vraiment roux.»

Gavras se défend d’avoir voulu jouer la carte de la provocation facile.

«Ce film est celui d’une quête désespérée qui ne mène nulle part. La quête inutile est centrale et je ne voulais justement pas faire des pirouettes avec le scénario pour donner un sens au récit.»

Le film a été malmené en France, sans égard au fait qu’il s’agit d’une première œuvre.

«Peut-être parce que je suis le fils de Costa-Gavras, mais aussi parce que ça fait 10 ans que je suis sur la scène médiatique. Du coup, le film n’a pas eu la tendresse que le premier film d’un réalisateur peut recevoir», conclut-il.