L'actrice Bérénice Béjo et son conjoint, le réalisateur Michel Hazanavicius, ont fait un arrêt hier à Montréal dans leur marathon séduction nord-américain, pour présenter The Artist en avant-première au cinéma eXcentris. Le film, qui sortira en salle le 9 décembre, a fait la tournée des festivals américains et est un candidat sérieux aux Oscars. «Il y a des villes qu'on a tendance à privilégier pour la promotion et vous avez la chance ici, à Montréal, d'avoir un oncle à nous!» s'amuse Bérénice Béjo, en entrevue avec La Presse.

L'aventure de The Artist a débuté en mai au Festival de Cannes, où Jean Dujardin est reparti avec le prix d'interprétation pour son rôle de George Valentine, star du cinéma muet qui doit faire face à l'arrivée du cinéma parlant, dont la pétillante Peppy Miller (Bérénice Béjo) est la figure montante. Ce film muet en noir et blanc a enregistré, depuis sa sortie en octobre, près de 1 million d'entrées au box-office français.

Projeté à New York mercredi dernier, il est présenté pour la deuxième fois à Los Angeles aujourd'hui. The Artist avait été projeté au Mann's Chinese Theater du Hollywood Boulevard début novembre, dans le cadre du festival de l'American Film Institute.

«On présente le film devant des membres de l'Académie, explique le réalisateur de The Artist, Michel Hazanavicius. Il semblerait que c'est le hobby de Harvey Weinstein de chercher des Oscars, et je suis ravi d'être dans cette optique-là!»

Fort de 249 nominations aux Oscars et de 86 statuettes dorées pour ses productions, le distributeur américain Harvey Weinstein (The King's Speech) mène en effet la campagne de séduction du film The Artist en vue des Oscars. Conquis par ce film à Cannes, il a présenté The Artist dans plusieurs festivals, de Chicago aux Hamptons, en passant par Austin, au Texas, où il a raflé le Prix du public.

Condamné au chef-d'oeuvre

«Je n'aurais pu faire ce film avec un autre producteur que Thomas Langmann (Astérix aux Jeux olympiques)», explique Michel Hazanavicius, à qui l'on doit notamment OSS 117, film pour lequel il avait réuni Bérénice Béjo et Jean Dujardin à l'écran. «J'ai dit à Thomas: «Écoute, le seul moyen pour que ce film vaille quelque chose et qu'on puisse le vendre un peu partout dans le monde, c'est qu'on y mette l'argent nécessaire et qu'on le tourne à Hollywood.» Il a rajouté de l'argent de sa propre poche et il m'a dit: «Maintenant, tu es un peu condamné au chef-d'oeuvre!»», poursuit-il.

Les critiques prédisent à The Artist un avenir doré aux Oscars, non pas dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère (c'est La guerre est déclarée qui représentera la France), mais dans celles du meilleur acteur, de la meilleure actrice, du meilleur film et du meilleur scénario.

«Ce n'est même pas un rêve, les Oscars. On ne peut même pas y penser, c'est un fantasme!, lance-t-il. Si jamais ça arrive, ça serait incroyable, un peu comme l'histoire de ce film. Au départ, personne n'en voulait; j'ai même dû me convaincre moi-même que c'était possible. Le trajet de The Artist ressemble beaucoup à un film de Frank Capra, et je suis le premier témoin de cette très belle histoire.»

Rendez-vous le 27 janvier pour le dévoilement des nominations aux Oscars.