Un matin, durant le tournage d’Inch’Allah, Anaïs Barbeau-Lavalette s’est approchée de la comédienne Évelyne Brochu et lui a exprimé sa joie quant à son interprétation de Chloé.

«Anaïs m’a dit que ma Chloé est vraiment "terrienne", souligne la comédienne en souriant. Terrienne dans le sens de terre à terre et dans le fait que Chloé, obstétricienne québécoise pratiquant à Ramallah, n’agit pas par bravoure.

«Je ne voulais surtout pas que le personnage principal, parce qu’il voyage dans un pays considéré dangereux, soit automatiquement perçu comme une héroïne, dit la réalisatrice. Je voulais que cette Chloé, ce soit nous, notre sœur, notre cousine, quelqu’un de normal. Pour adhérer à l’histoire et au personnage, il fallait que celui-ci soit «groundé» et inspire quelque chose d’assez simple tout en ayant la crédibilité nécessaire d’être un médecin.»
Évelyne Brochu prend exemple sur les membres de l’organisme Médecins sans frontières (MSF) pour faire des rapprochements avec Chloé. «Un membre de MSF est aventurier, débrouillard, très présent. Comme eux, Chloé est observatrice, en mode éponge. Par rapport aux situations dans lesquelles elle plonge, aux gens qu’elle rencontre, elle a une grande capacité de réception de l’autre.»

Évelyne Brochu décrit deux gestes posés durant le tournage pour expliquer la teinte donnée à son personnage.

«En relisant le scénario d’une scène, je me suis mis une note en marge où je précise que le geste que je pose n’est pas un acte de courage mais un acte de combat, dit-elle d’abord. Le feeling intérieur de Chloé est celui d’une battante.»

Elle tire son second exemple d’un «microdétail». «J’avais une scène où je mangeais une clémentine, dit-elle. Je me suis retrouvée la bouche pleine de pépins. J’aurais pu les croquer et faire semblant qu’il n’y en avait pas ou les recracher dans ma main, ce que j’ai fait! C’est une décision de jeu. Anaïs m’a dit: Continue. «Fais-le dans la prochaine prise, j’ai aimé ça…» Alors, je l’ai refait, même si ça ne fait pas très MSF (rires).»

Les gens rencontrés sur place ont nourri le personnage de Chloé, ajoute son interprète. Ainsi, lors d’une scène forte tournée dans un camp de réfugiés palestiniens, les habitants se sont spontanément mêlés aux figurants. «Cela créait toute une vibration au tournage», dit la comédienne.

C’est la première fois qu’Évelyne Brochu et Anaïs Barbeau-Lavalette travaillent ensemble. La collaboration est étroite, l’admiration réciproque. «Je suis super connectée à elle, dit la comédienne au sujet de la réalisatrice. J’ai une admiration profonde pour cette fille. Sa force me donne de la force. C’est une chance formidable d’être devant cette jeune femme si pétillante, forte, accomplie, intègre. C’est une créatrice hallucinante qui, en plus, savoure la vie. Elle est très inspirante.»