David Fincher à la barre du remake américain de The Girl with the Dragon Tattoo, tout le monde y croyait. Daniel Craig en Mikael Blomkvist, ça passait aussi. Mais qui allait incarner Lisbeth, immortalisée par Noomi Rapas ce dans les téléfilms suédois ? Elle s’appelle Rooney Mara. Et elle en a surpris plus d’un. À commencer par Fincher. Rencontre.
De façon assez amusante, Rooney Mara a eu à faire face aux mêmes genres de préjugés quand elle a auditionné pour le personnage de Lisbeth Salander dans The Girl with the Dragon Tattoo que Noomi Rapace avait eu à franchir pour obtenir le rôle dans les films suédois inspirés de la trilogie Millénium de Stieg Larsson : trop féminines et trop mignonnes aux yeux de réalisateurs qui les avaient vues dans leurs performances précédentes.
David Fincher parlait, lui, d’expérience de première main puisqu’il avait dirigé Rooney Mara pendant quelques jours lors du tournage de The Social Network, dans lequel elle incarne l’ex-petite amie de Mark Zuckerberg.
« Le casting a commencé avec Daniel [Craig] », a expliqué le réalisateur lors d’une conférence de presse tenue ce week-end à New York. « Je le connaissais socialement et je savais qu’il pouvait être différent de ce que l’on connaît de lui, qu’il pouvait "s’effacer" tout en restant très masculin, un genre de présence à la Robert Mitchum. »
C’est après que les problèmes ont commencé. Aucune actrice rencontrée n’arrivait, aux yeux du réalisateur, à créer avec l’acteur le magnétisme particulier émanant du drôle de couple formé par le journaliste – transformé en enquêteur par le patriarche de la famille Vanger – et la hacker asociale punk qui devient son bras droit.
« Rooney était sous mon nez, mais je ne voyais pas Lisbeth en elle, raconte Fincher. Dans The Social Network, elle est intensément féminine, chaleureuse, mature, bavarde et elle tente désespérément de construire des ponts vers Mark. Autant de qualités qui ne sont pas "lisbethiennes". »
Mais, pendant deux mois et demi, la jeune femme a accepté audition après audition. Demandant à chaque fois à David Fincher ce qu’il attendait de plus de sa part. « Elle n’a pas lâché prise, elle n’a jamais abandonné. Et ça, c’est très Lisbeth », souligne le réalisateur.
L’attitude punk
Rooney Mara a ainsi obtenu le rôle. Et a reçu une liste de choses qu’elle allait devoir faire. « Devenir une fumeuse, me mettre nue devant les caméras, jouer une scène de viol et une autre de vengeance, couper et teindre mes cheveux, blanchir mes sourcils, avoir des piercings, apprendre à conduire une moto », énumère-t-elle de cette voix basse qui deviendra bientôt reconnaissable entre toutes, un sourire sibyllin aux lèvres.
Ce qui lui plaisait le moins dans ce programme ? « La moto », laisse tomber celle qui n’a jamais pensé à l’image que les millions de lecteurs de Millénium avaient du personnage – « j’ai lu les romans, j’avais ma propre image de Lisbeth et, heureusement, David avait des idées similaires aux miennes » – et qui, durant toute la rencontre de presse, fera preuve d’une grande économie de mots. Comme si la jeune punk ne l’avait pas encore totalement quittée.
Il faut dire que le personnage a vécu en elle et avec elle pendant une année. « Il y a des choses qu’on ne peut laisser sur le plateau. La coiffure, les sourcils "effacés", les piercings… Mais c’était intéressant. Quand on a l’air de ça, un peu off, les gens qu’on croise semblent ne pas avoir d’attentes envers nous. Ça me plaisait », raconte l’actrice.
Comme il lui plairait, bien sûr, de reprendre le rôle pour les deux autres films s’ils se font. Même chose pour Daniel Craig. David Fincher ? « Bien sûr que j’aimerais ! Mais les studios ne signent jamais d’ententes pour plusieurs films avec les réalisateurs. Ils attendent de voir s’ils se comportent bien », ironise-t-il.
Référence aux démêlés qu’il a eus avec Sony quant à la durée – donc, au montage final – du long métrage ? Cette histoire-là est (aussi) à suivre.
The Girl with the Dragon Tattoo (Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes) prend l’affiche demain dans certaines salles ; sortie générale, mercredi.
Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.