Angelina Jolie est depuis 10 ans ambassadrice de bonne volonté du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Les enfants qu'elle a adoptés sont nés au Cambodge, au Vietnam, en Éthiopie et en Namibie. Cette femme de paix connaît la guerre, et en a fait le sujet de son premier film. Rencontre.

«Mes enfants viennent de pays en conflit et ils sont très au courant de ce qui se passe là où ils sont nés. Ils savent aussi beaucoup de choses sur mes voyages pour les Nations unies. Mais ils sont trop jeunes pour voir mon film», indiquait Angelina Jolie rencontrée à Los Angeles quelques semaines avant la sortie du drame de guerre qu'elle a écrit et réalisé, In the Land of Blood and Honey - où elle suit le destin d'une artiste musulmane et un policier serbe pendant le conflit qui a déchiré la Bosnie-Herzégovine... et tué leur couple naissant.

Si elle assure n'avoir jamais connu de traumatismes équivalents à ceux des victimes de la guerre, l'actrice comprend la souffrance humaine. «J'ai été témoin de tellement de choses lors de mes missions pour les Nations unies. Au fil des ans, j'ai parlé à beaucoup de gens, j'ai côtoyé des enfants traumatisés par le bruit des bombes, j'ai passé des nuits dans des camps en compagnie de familles qui n'avaient plus de maison», raconte-t-elle.

Et elle a eu chaud. À plusieurs reprises. «Je suis en général en sécurité lorsque je voyage, admet-elle. Mais il y a eu des moments où ça a failli mal tourner. Il y a eu cette fois, en Sierra Leone, j'étais avec une autre femme, c'était à cette époque où ils mutilaient les gens à la machette. Nous sommes arrivées à un check point, de nuit. Je me suis retrouvée avec la lumière d'une lampe de poche dans le visage, les soldats exigeaient de voir mon passeport. J'ai eu peur. C'était une bande d'enfants avec des armes...»

Peur aussi en Afghanistan, où elle s'est fait répéter qu'en tant que femme, américaine de surcroît, elle était la cible type. Cette nuit-là, dans un bunker, portant veste pare-balles et casque, elle s'est vraiment demandé ce qu'elle faisait là. Il y avait ces hommes qui tambourinaient à la porte. Qui menaçaient. «J'ai écrit une note à Brad, que j'ai glissé dans la poche de ma veste. Il l'aurait si jamais il m'arrivait quelque chose. Mais finalement, je ne la lui ai jamais remise.» Car il n'est rien arrivé. «Mais deux jours plus tard, le bunker a été bombardé et tous ceux qui étaient à l'intérieur sont morts.»

Elle raconte cela avec un calme, une sérénité, une générosité, une simplicité et un sérieux qui impressionnent. Même chose quand on lui demande si elle pourrait prendre les armes pour se défendre. «Je ne suis pas sûre mais je pense que oui. Pour défendre ma famille, par contre, c'est certain que je le ferais», dit celle qui, avec Brad Pitt, alterne projets et tournages, afin qu'un des deux soit toujours avec leurs enfants. Dont les plus vieux approchent de l'adolescence. «Sans parler de retraite, il est certain que Brad et moi allons moins travailler. De toute manière, nous sommes dans le milieu depuis si longtemps, il y a des choses, d'autres choses que nous voulons faire.»

Quant au spectre de l'adolescence, ce n'est pas ce qui va lui faire peur: «Je ne peux même pas imaginer que mes enfants soient pires que moi», dit-elle en éclatant de rire.

In the Land of Blood and Honey prend l'affiche le 27 janvier.
Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm