Luc Picard dit qu'il a une bonne bouille. Qu'il l'a choisi pour ses yeux. Et sa carrure. Pour le moment, Nicola-Frank Vachon est peu connu du public. Mais ça risque de changer avec le film Ésimésac où il incarne le rôle-titre.

Après Babine, Ésimésac est le second film que Luc Picard tire d'un scénario de Fred Pellerin. Se déroulant de nouveau à Saint-Élie-de-Caxton, l'histoire renoue avec les personnages du premier film. Par contre, ceux-ci évoluent dans un contexte plus dramatique alors que le village est frappé par une importante famine. Arrive alors ce jeune homme plus grand que nature et à l'âme pure.

«Ésimésac est un être très facile à aimer. C'est un gars fascinant, raconte M. Vachon, rencontré la semaine dernière dans le cadre de l'événement Ciné-Québec. Il est au monde depuis pas longtemps et il a une pureté et une naïveté très grandes. En même temps, il a un corps d'homme et tombe très vite dans le monde des adultes.»

Doté d'une force surnaturelle, Ésimésac n'a pas d'ombre. Dans son for intérieur, il aimerait bien en posséder une et être comme tous les habitants du village. Finalement, il y parvient. Mais, en parallèle, il change intérieurement. «Son ego prend de plus en plus de place, poursuit M. Vachon. Ésimésac perd de sa force à mesure que son ombre grandit. Je trouve que c'est une très belle métaphore qui parle de chacun de nous, c'est-à-dire qu'on arrive dans le monde avec une espèce de bonté fondamentale, de sagesse. Mais à mesure qu'on grandit, ces choses-là se brouillent.»

À 35 ans, M. Vachon est bien connu à Québec où il a joué dans de nombreuses pièces, tant au Trident qu'au théâtre Niveau Parking ou à la Bordée. À la télé, on l'a vu dans Nos étés. Il a aussi tenu un rôle dans Les grandes chaleurs. Dans Ésimésac, il défend son premier grand rôle au cinéma.

«Il a une sensibilité, une transparence dans les yeux, dit Luc Picard qui l'a découvert en séance de casting. En plus, il a une grande taille, six pieds trois pouces, ce qui correspond au personnage qui est l'homme fort du village.»

Atomes crochus

Ce projet produit par la maison Cité-Amérique est le résultat d'une somme d'atomes crochus. D'abord, les producteurs Lorraine Richard et Luc Martineau ont rencontré le jeune Fred Pellerin lorsqu'ils tournaient Marguerite Volant en 1996 à Saint-Paulin, village voisin de Saint-Élie. Pellerin faisait de la figuration dans la série et les a invités à voir une de ses performances. Des liens se sont tissés.

«Lorsque le distributeur Alliance a proposé à Fred de porter son oeuvre à l'écran, il a manifesté le souhait de travailler avec nous», disent les deux producteurs.

Autre lien solide, celui entre Pellerin et Luc Picard. «Entre eux, ça a coagulé, expose Luc Martineau. Nous avions offert le film à d'autres réalisateurs qui ne partageaient pas la même vision. Lorsque nous l'avons fait lire à Luc, il est tombé amoureux de ça. Et avec Fred, ç'a été un clic total.»

Nicola-Frank Vachon a aussi été envoûté par l'univers de Pellerin. «C'est ludique, mystérieux, proche des vraies choses», dit-il.

Le film sortira en novembre. La scène finale se déroule le soir de Noël et les semaines avant les Fêtes de fin d'année se prêtent parfaitement à cette sortie, dit Mme Richard.

D'ici là, Cité-Amérique espère que son projet de porter la comédie musicale Pied de poule au grand écran obtiendra du financement à la production. «Trente ans après le lancement de cette pièce, l'histoire est toujours d'actualité avec ces jeunes qui feraient tout pour avoir leurs 15 minutes de gloire», indiquent les producteurs.

Comme dans l'oeuvre originale, Marc Drouin signera le scénario sous la musique de Robert Léger. La réalisation a été confiée à Pierre Séguin. Les deux rôles masculins sont connus, à savoir Yves Jacques en Desmond Bigras et Maxime Desbiens-Tremblay dans celui de François Perdu. Les rôles féminins restent à distribuer.