Andrew Stanton est l'un des pionniers de Pixar. Il a remporté des Oscars. Il n'avait pas prévu s'éloigner de la voie de l'animation. Mais il était hanté par une lecture d'enfance. Et il s'est ainsi trouvé à la barre de John Carter, à bord duquel il fait ses premiers pas dans un film en prise de vue réelle. Rencontre animée.

S'il possédait une machine à voyager dans le temps, Andrew Stanton irait à la rencontre d'un garçon vivant à Rockport, Massachusetts, en train de dessiner des Martiens à quatre bras. Et il lui dirait : « Tu ne sais pas ce qui t'attends, mais c'est trop cool. Ne lâche surtout pas. «

Quand il raconte l'anecdote à La Presse, l'auteur et réalisateur de Finding Nemo et de WALL-E, le scénariste des deux premiers Toy Story, l'un des pionniers de Pixar, n'a plus 46 ans. Il en a 12, il est le gamin qui vient de découvrir les livres d'Edgar Rice Burroughs racontant le destin d'un soldat confédéré téléporté sur Mars où il arrive au coeur d'une autre guerre civile et rencontre une princesse belle et forte.

>>> À lire également: «Petit guide pour Barsoom»

Cent après la publication de A Princess of Mars, quelque 35 ans après qu'Andrew Stanton l'ait lue, l'histoire devient un long métrage intitulé John Carter, mettant en vedette Taylor Kitsch dans le rôle-titre et Lynn Collins dans celui de Dejah; mais aussi Willem Dafoe, Thomas Hayden Church et bien d'autres qui, grâce à des échasses, des combinaisons de captation de mouvements et des as de l'animation se sont métamorphosés en Martiens de 3 mètres; Dominic West et Mark Strong dans celle de méchants humanoïdes.

Le tout a été tourné en Grande-Bretagne et aux États-Unis, en studio et dans le désert de l'Utah. Sous la houlette d'Andrew Stanton. Qui ne l'avait pas prémédité. « J'ai rêvé pendant 30 ans que quelqu'un porte cette histoire à l'écran. Je ne sais pas pourquoi mais c'est un récit qui a collé à moi, que je n'ai jamais pu oublier. Et en cela, je fais confiance à mon instinct «, raconte-t-il.

Il y a quelques années, Jon Favreau est passé à un cheveu d'adapter le roman. Mais le projet est tombé à l'eau. Andrew Stanton était alors en pleine production de WALL-E. Il en avait encore pour trois ans. « J'ai pris contact avec les dirigeants de Disney et leur ai dit que ce film-là devait être fait et que si personne ne se portait volontaire pour le réaliser, je m'en chargerais », se souvient-il.

Il avait dit ça sans y croire vraiment. Eux, l'ont pris au pied de la lettre. Lui ont confié 250 millions pour cette première expérience en prise de vue réelle.

Alors? Il a adoré l'expérience de travailler avec les acteurs que, d'habitude, il dirige seulement vocalement. Mais il a été intimidé par le rythme fou du processus : une fois terminée l'écriture du scénario - il le signe avec son complice Mark Andrews et Michael Chabon (Spider-Man 2) - ont commencé le casting, le repérage, le tournage, etc. « J'ai été intimidé par la folie, le chaos et le rythme effréné, admet-il. En animation, vous avez des horaires de banquier et des années pour travailler sur un film. Pas ici. J'ai soudain eu l'impression d'aller camper par mauvais temps, moi qui suis habitué à descendre dans des hôtels. «

Et? Et il a découvert qu'il était un bon campeur. Qu'il avait plus de résistance qu'il ne le pensait : «Quand les choses vont mal, je ne panique pas. « Et qu'il était « affamé de spontanéité « - chose qui n'existe pas en animation, où tout est planifié.

Bref, si on le lui demande, il s'attellera à la suite de John Carter - dont il a déjà les grandes lignes du scénario, inspiré de Gods of Mars. Et si on ne le lui demande pas, il a cette autre histoire en tête, qu'il a envie d'explorer dans un film hybride. Dans les deux cas, le gamin de 12 ans et l'homme de 46 ans exulteront.

John Carter prend l'affiche le 9 mars

Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures