Prix du public à la Semaine de la critique à Cannes et présenté au cours de l'hiver aux festivals de Karlovy Vary et Paris Cinéma, le film Hors les murs du Belge David Lambert raconte l'histoire d'amour entre deux hommes, Paulo et Ilir. Interprète d'Anka, conjointe de Paulo, Mélissa Désormeaux-Poulin revient sur cette première expérience d'un tournage européen. Et s'émeut de cette «rencontre des âmes».

Homme-enfant à la sexualité ambiguë, Paulo, pianiste de son métier, vit avec Anka, designer de mode. Un jour, il rencontre Ilir, bassiste. Entre les deux, c'est le coup de foudre. Instantané, violent, fusionnel. Anka en souffrira, mais reprendra le dessus.

Hors de son personnage, la comédienne Mélissa Désormeaux-Poulin regarde ce film comme une belle, une très belle histoire d'amour, heureuse que celle-ci ait justement touché le public à Cannes.

«Une histoire d'amour où, peu importe ce qui survient, deux âmes devaient se rencontrer. Il me semble qu'ici, nos histoires d'amour sont précipitées, alors que dans celle-ci, l'amour prend le temps de s'installer», a dit la comédienne en entrevue il y a quelques jours.

«On a été hypnotisés»

À la base, donc, elle a été sous le charme du scénario, et ce, même si son rôle d'Anka se limite à quelques scènes. En entrevue téléphonique, le réalisateur David Lambert, qui avait vu la comédienne dans Incendies, avoue qu'il n'osait pas lui proposer un «rôle aussi mince». Mais le coproducteur québécois Daniel Morin (Boréal Films) a organisé une rencontre à Montréal. «Ça a cliqué. On a été hypnotisés l'un l'autre», lance David Lambert.

«Ah! c'est un romantique, dit Mélissa Désormeaux-Poulin lorsqu'on lui rapporte le commentaire. Sur le plateau, David sait prendre le temps de faire les choses. À mon arrivée en Belgique pour le tournage, il est venu me chercher et m'a amenée dans mes décors. Il a ce sens sacré du jeu qui lui vient du théâtre. Et chaque jour de tournage, il fermait le plateau durant 90 minutes avant la scène pour nous donner le temps de répéter et discuter. C'est comme si son scénario vivait encore. Cette façon de faire nous force à être créatifs.»

Anka, dit la comédienne de son personnage, est une tigresse, une fonceuse qui a réussi à bâtir sa petite affaire. «C'est aussi une fille qui est ouverte, très de son temps, et qui a pris son chum en charge, expose-t-elle. Elle veut croire en cet amour jusqu'au jour où elle admet que cela est beaucoup trop dur pour elle. C'est comme si elle laissait son enfant aller.»

Quant à l'amour entre Paulo et Ilir, il sera mis à mal. À la suite d'un geste stupide commis par Ilir, ce dernier se retrouvera en prison. À sa sortie, rien ne sera pareil.

«Mon film est une histoire d'amour classique, en trois actes. C'est-à-dire l'amour, son absence et son souvenir, résume David Lambert. Et sur la trajectoire de Paulo, Anka représente la sécurité, le cocon. Elle est la mère symbolique. Dans l'amour, elle se sacrifie, s'oublie. Elle tente d'oublier la réalité pour continuer à croire en son amour. Mais elle va finir par se réapproprier sa vie et son désir.»

Hors les murs est à l'affiche.