Fier représentant d'une nouvelle génération de réalisateurs américains, homme à tout faire du cinéma indépendant - à la fois acteur, réalisateur, scénariste, producteur, et quoi encore -, le Californien Daryl Wein revient à la charge dans le registre de la comédie romantique avec son second long métrage, Lola Versus, de nouveau campé dans New York et mettant encore à l'écran l'actrice Zoe Lister Jones. Discussion sur la poussière accumulée sur ce genre cinématographique.

«C'est mon constat: la comédie romantique - ou les films sur les relations amoureuses - a vraiment besoin d'un regard frais et novateur», avance Daryl Wein, 28 ans et une dent pour (et contre) le genre, qui lui semble «être en régression depuis vingt ans».

Le souci d'originalité

«Il y a tellement peu de comédies romantiques, à mon avis, qui ont été filmées avec le souci d'originalité, des oeuvres dans lesquelles on sent un renouvellement! Je crois que je peux y contribuer à ma manière, je vois ça comme un défi», dit-il.

Sur ce point, il faut lui donner raison: la comédie romantique est surannée. Wein veut montrer à Hollywood qu'il est possible de faire autrement avec un petit film d'été léger mettant en vedette Greta Gerwig dans le rôle d'une Lola larguée par son ex-fiancée et qui perd la boussole du coeur dans un New York bellement croqué par la lentille du réalisateur.

New York, le même décor que sa première comédie romantique, Breaking Upwards, où Wein pose un regard sans pudeur sur la complexité des relations humaines. On pense aussitôt à Woody Allen.

«Annie Hall, Manhattan, les films de Allen ont eu une grande influence sur moi; ce sont eux qui m'ont fait aimer le genre. L'importance d'essayer de raconter une histoire intelligente et pertinente», dit-il.

Histoire rare

Pour Lola Versus, Wein et sa coscénariste ont cherché à raconter une histoire rare dans le cinéma de comédie romantique d'aujourd'hui.

«Il n'y a pas de films qui racontent avec authenticité la vie d'une jeune femme récemment célibataire... sans tomber dans les clichés à la Sex in the City», fait-il.

Wein s'inspire de son entourage ou de ses propres expériences pour raconter une histoire: «J'ai débuté dans le métier en réalisant Breaking Upwards, un film disons semi-autobiographique - ou, en tout cas, partiellement inspiré de ce que je vivais -, ce qui a l'immense avantage de me rapprocher intimement du récit.»

Pourquoi ne pas s'être donné un rôle à l'écran alors, comme dans Breaking Upwards? «Avec ce film, je voulais complètement m'investir derrière la caméra. Lors du premier, j'ai trouvé difficile de porter tous ces chapeaux de producteur, scénariste, réalisateur, acteur. C'est beaucoup plus facile de se concentrer sur une chose à la fois. J'espère un jour retrouver le métier d'acteur», confie Wein.

«J'aime jouer des rôles, mais ma formation d'acteur m'a surtout fait réaliser que ma vocation est derrière la caméra, ajoute-t-il. J'espère bientôt me remettre à jouer, j'espère qu'on m'offrira un rôle intéressant. Et j'ai d'autres sujets de prédilection que la comédie romantique!»