Collectionneur d'art avisé, l'acteur français Alain Delon se sépare lundi d'une partie de sa collection de peinture, dont quelques toiles exceptionnelles des années 1950, lors d'une vente à Paris qui devrait donner lieu à des enchères animées.

L'ensemble est estimé entre 4,6 et 6,2 millions d'euros.

L'acteur, âgé de 71 ans, a expliqué à la presse qu'il dispersait sa collection parce qu'il préfère régler cela maintenant et qu'il déteste les ventes posthumes, courantes lors des successions.

Très souriant avec à ses côtés sa fille Annouchka, 17 ans, Alain Delon a jeté un dernier regard jeudi soir sur ses Appel, Soulages ou de Staël, lors d'une présentation privée dans les locaux de la salle d'enchères Drouot-Montaigne.

«Pourquoi être triste puisque c'est moi qui ait décidé qu'elles (les toiles) partaient!», a-t-il assuré à l'AFP.

Quarante toiles des années 1950, dont des oeuvres importantes voire exceptionnelles signées Manessier, Hartung, de Staël, Soulages, Alechinsky, Riopelle, Dubuffet, Zao Wou-Ki ou Vieira da Silva, seront mises en vente lundi soir.

??la demande de l'acteur, les enchères seront conduites comme un passage de relais par Arnaud Cornette de Saint-Cyr, fils du célèbre commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint-Cyr, un ami de longue date qui devait initialement tenir le marteau.

Alain Delon ne voulait pas vendre, raconte ce dernier. «Et puis il s'est décidé en cinq minutes. Il m'a dit : «la vente succession Delon, je ne veux pas imaginer cela»», ajoute-t-il.

«Alain Delon est d'une exigence absolue aussi bien dans son art que pour constituer sa collection. C'est un Samouraï, c'est l'homme pressé», poursuit le commissaire, en faisant référence à deux célèbres films de l'acteur. «Il achète, même s'il n'a pas d'argent», ajoute-t-il.

Jusqu'à présent, à part lors d'une exposition partielle en mai dernier dans une galerie parisienne, seuls les proches de l'acteur avaient pu contempler ces toiles, accrochées dans ses différentes résidences en France et en Suisse.

La vedette a commencé à acheter des dessins du XVIe et du XVIIe dans les années 1960. Il est passé ensuite à l'achat de peintures d'artistes du XIXe, Géricault, sa grande passion, Delacroix, Millet et Corot, puis à l'abstraction des années 1950.

La vente de ces tableaux, pour la plupart abstraits et de grand format, très colorés, devrait donner lieu à des batailles d'enchères.

Des collectionneurs du monde entier, dont des Russes et des Chinois, ont déjà fait connaître leur intérêt. Le clou de la vente sera un Riopelle, La vallée de l'oiseau, estimé entre 700 000 et 900 000 euros.

«Tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette vente un des événements de la rentrée du marché de l'art», dit le galériste Franck Prazan, expert de la vente. «Il y a la qualité des tableaux, le phénomène de collection, de son entité et évidemment la provenance», ajoute-t-il.

«Il devrait y avoir des records car cette vente, au-delà de la renommée du vendeur, présente beaucoup d'oeuvres admirables», confirme le critique d'art Patrick-Gilles Persin. (AFP)