D'anciens propos de Marion Cotillard, fraîchement «oscarisée», sur les attentats du 11 septembre 2001 ont provoqué la perplexité à Hollywood, où une partie de la presse s'est interrogée sur leur possible impact sur la carrière internationale de l'actrice française.
  
Lors d'un entretien sur une chaine de télévision française il y a un an, la comédienne avait émis des doutes sur la version officielle des attaques.

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«Je pense qu'on nous ment sur énormément de choses: Coluche, le 11 septembre», avait-elle dit, mentionnant notamment le fait que les tours jumelles s'étaient effondrées en quelques minutes, alors qu'un immeuble en Espagne avait brûlé pendant 24 heures sans s'écrouler.
  
«J'ai tendance à être plutôt souvent de l'avis de la théorie du complot», avait ajouté Marion Cotillard, couronnée meilleure actrice le 24 février par l'Académie des Oscars grâce à La vie en rose, un film sur la vie d'Edith Piaf.
  
Dès dimanche, l'avocat de Marion Cotillard, Vincent Toledano, avait indiqué à l'AFP que sa cliente «n'a jamais eu l'intention de contester ni de remettre en cause les attentats du 11 septembre 2001 et regrette l'interprétation donnée à des propos anciens sortis de leur contexte».
  
Mais reprises par l'hebdomadaire français Marianne puis par des médias anglo-saxons, les déclarations se sont retrouvées lundi dans la presse hollywoodienne.
 
«Une semaine après qu'elle a obtenu l'Oscar de la meilleure actrice, les considérations peu conventionelles de Marion Cotillard sur les attaques terroristes du 11 septembre ont fait surface (...) reste à voir quel effet la révélation de ses opinions va avoir sur l'avenir de ses films américains», a commenté le journal Variety, référence à Hollywood.
  
Le supplément The Envelope du Los Angeles Times a noté que «normalement, il faut au moins quelques mois ou années avant qu'un vainqueur d'Oscar ne s'attire des problèmes, mais Marion Cotillard pourrait établir un record, en raison de (ces) commentaires bizarres».
  
Dès avant son Oscar, Marion Cotillard avait été engagée pour deux oeuvres hollywoodiennes: le film policier Public Enemies et Nine, un long métrage musical.
  
Sollicité par l'AFP pour une réaction, une porte-parole du studio Universal, qui va distribuer Public Enemies, n'a pas rappelé lundi, tandis que la porte-parole de Marion Cotillard à Hollywood renvoyait sur le communiqué de Me Toledano.
  
Pour l'éditorialiste de The Envelope Tom O'Neil, les propos de la Française ne sont pas anodins.
  
S'ils avaient été connus avant la cérémonie, «elle aurait probablement perdu l'Oscar (...) on peut dire des choses folles, ça arrive tout le temps à Hollywood, mais c'est une étrangère qui est perçue comme prononçant des propos anti-américains», a-t-il déclaré à l'émission Inside Edition lundi.
  
D'autres se sont voulus moins sévères.
  
«C'est une théorie du complot usée jusqu'à la corde», a expliqué à l'AFP le professeur de télévision Robert Thompson, enseignant à l'université de Syracuse et spécialiste de la culture populaire.
  
«Ça va faire un peu de bruit, quelques personnes vont être en colère, et puis ça risque de s'arrêter», a-t-il affirmé: «je ne pense pas qu'elle devienne persona non grata à Hollywood».
  
«Tout le monde a des théories du complot aux États-Unis (...) il existe tellement de doutes sur la politique de George W. Bush aujourd'hui, que l'on pourrait dire que (les attentats) étaient de son fait et les gens ne seraient pas en colère», a assuré Joel Stratte-McClure, qui suit la vie des célébrités pour le Los Angeles Daily News.
  
«Je ne pense pas que cela va menacer sa carrière», a renchéri Elizabeth Snead, une autre spécialiste de Hollywood qui souligne que la capitale du cinéma est «pleine de théoriciens du complot. Oliver Stone a bâti son succès là-dessus».