Après le décès de leur créateur Stan Lee, les superhéros Spider-Man, Hulk ou X-Men n'ont pas de soucis à se faire pour leur avenir proche: ils sont omniprésents dans la culture populaire mondiale et notamment au cinéma, constituant une mythologie contemporaine qui colle à l'air du temps.

«Les superhéros, ce sont nos mythologies contemporaines. Ce sont des personnages qui, graphiquement et culturellement, ont influencé la mode, le street art, le pop art, le design, la télé et le cinéma: leur importance est considérable», souligne Jean-Jacques Launier, fondateur du musée Art Ludique à Paris.

Ce musée a consacré une exposition aux superhéros de Marvel en 2014 puis à ceux de DC Comics en 2017.

Nés en 1938 avec l'apparition de Superman, suivi l'année suivante par Batman, puis tombés en désuétude après la Seconde Guerre mondiale, les superhéros ont connu un renouveau à la fin des années 50 et dans les années 60, sous la houlette notamment de Stan Lee, qui a imaginé en 1961 les Quatre Fantastiques pour la maison d'édition Marvel.

Suivront les personnages de Spider-Man, Hulk, des X-Men, Iron Man à Black Panther, devenus des références de la culture populaire mondiale, des jeux vidéo aux jouets en passant par le cinéma.

Après de premières adaptations en dessin animé et en film dès les années 50, les superhéros sont aussi devenus omniprésents au cinéma depuis le début des années 2000 et l'avènement du numérique qui a permis de meilleurs effets spéciaux, puis le rachat de Marvel par Disney en 2009-DC Comics appartenant à Warner.

Aujourd'hui ce sont une douzaine de films qui sortent chaque année, d'Avengers à Black Panther en passant par Spider-Man: New Generation, qui sortira en décembre.

«Évoluer avec leur temps»

«Les superhéros sont la valeur sûre des grosses productions hollywoodiennes», explique Jessica Assayag, responsable de la programmation du Comic Con Paris, consacré à la culture des comics et à la pop culture. «L'univers des superhéros a permis aux majors d'envisager des films toujours plus ambitieux et qui plaisent au public».

La recette du succès est d'abord à chercher dans les personnages qui sont dotés de superpouvoirs mais habités de problèmes bien humains, ce qui permet au public de s'identifier à eux.

«Le superhéros Marvel, et ceux ensuite qui se sont inspirés de la recette Marvel, c'est la version superhéros de "l'argent ne fait pas le bonheur"», explique Xavier Fournier, spécialiste des superhéros. «C'est poignant de voir un type qui a les pouvoirs de Spider-Man mais qui, quand il pose le masque, a des problèmes pour payer son loyer et s'inquiète pour sa vieille tante malade».

Autre raison du succès, la capacité des superhéros à coller à l'air du temps.

À l'époque des premiers héros de Stan Lee, «c'était la Guerre Froide et la peur de la bombe atomique. Spider-Man se fait piquer par une araignée radioactive, Hulk se prend des rayons gamma, les X-Men sont appelés les enfants de l'atome», rappelle Jean-Jacques Launier.

Avengers Infinity War, sorti cette année, quatrième plus grand succès au box-office mondial de l'histoire du cinéma, «parle de la surpopulation», tandis que dans Black Panther, premier film sur un superhéros noir et énorme carton au box-office, «il y a des propos sur les racines des gens», poursuit-il.

«Les comics ont su évoluer avec leur temps et prendre à bras le corps les problèmes ambiants. Il y a eu des comics qui ont parlé du Watergate, de la guerre du Vietnam. Aujourd'hui, on parle des problèmes raciaux, des transgenres», renchérit Jean Depelley, spécialiste des comics.

Les films de superhéros, qui s'appuient sur des marques fortes, semblent donc avoir encore de beaux jours devant eux. «Tant que la création et l'inventivité seront présentes, il n'y aura pas d'essoufflement», estime Jessica Assayag.