Le très attendu biopic en deux parties sur Silvio Berlusconi signé Paolo Sorrentino est sorti mardi sur les écrans italiens, portrait décadent d'un monde du pouvoir obsédé par le sexe et la drogue.

Le film décrit avec l'esthétique propre au réalisateur de La grande bellezza la société italienne dans son aspect le plus amoral et arriviste, celle qui rêve de participer aux fameuses soirées «bunga-bunga» données par le milliardaire italien, trois fois chef du gouvernement en Italie.

Le deuxième volet de Loro (Eux) sortira sur les écrans de la péninsule le 10 mai. Centré sur les années 2006-2011, celles précisément de ces fêtes légendaires, précédant la chute de Silvio Berlusconi, le film décrit surtout l'époque et moins le personnage et ses frasques sexuelles et judiciaires.

Le sexe, la drogue ou la prostitution semblent être devenus culture de masse et le passeport nécessaire pour accéder aux salons du pouvoir et à l'argent.

Une grande partie de ce premier volet décrit le rôle joué par l'entrepreneur Gianpaolo Tarantini, actuellement détenu pour trafic de drogue, dans l'organisation de ces fêtes érotiques.

Loro raconte avec les yeux de Sorrentino cette société «berlusconienne» fascinée par le pouvoir et ses attributs.

Interrogé sur son projet, en marge du Festival de Cannes l'an passé, Sorrentino avait expliqué son choix: «Parce que je suis italien et je veux faire un film sur les Italiens. Berlusconi est l'archétype de "l'italianité" et à travers lui je peux raconter les Italiens».

Silvio Berlusconi, interprété par l'acteur italien Toni Servillo, sort néanmoins presque indemne de cette première partie où Sorrentino le décrit comme un mari attentif à ne pas détruire son mariage, cultivant son jardin et racontant des histoires drôles à son petit-fils.

«À la fin du film, Berlusconi apparaît comme le meilleur de tous», juge ainsi le quotidien Il giornale (propriété du magnat des médias), qui redoutait une attaque en règle en pleines tractations délicates en vue de la formation d'un gouvernement.

Le cinéaste napolitain avait présenté en 2008 Il Divo, portrait du sulfureux politicien italien Giulio Andreotti (trois fois président du Conseil) interprété également par Toni Servillo.

Paolo Sorrentino a remporté un succès mondial avec La Grande Bellezza, récompensé par l'Oscar du meilleur film étranger en 2014. C'est encore une fois Toni Servillo qui y jouait un écrivain las de faire l'amour et la fête dans une Rome désabusée où la mort vient roder.