Le comédien espagnol Antonio Banderas qui tourne Genius Picasso, série télé pour National Geographic, incarnant le célébrissime peintre, déclare à l'AFP éprouver «une immense responsabilité» à l'égard du «héros de Malaga».

Sur le tournage de la série, dans les studios de Budapest, le comédien grimé sous les traits d'un Picasso (1881-1973) âgé, rappelle que le peintre «est né sur (sa) terre», à Malaga, capitale d'Andalousie.

Le comédien dit «avoir grandi à l'ombre» de cette «très imposante figure» qui, souligne-t-il, est «probablement l'artiste le plus important du XXe siècle».

«Quand j'allais à l'école en tenant la main de ma mère chaque matin, nous traversions la place de la Merced», où se trouve la maison natale de Picasso, se souvient-il, dans un anglais maîtrisé, aux charmants accents ibériques.

«Je sais bien que je vais être observé à la loupe et essuyer des critiques», ajoute-t-il en riant, «comme Picasso savait, en peignant Les demoiselles d'Avignon, que certains auraient envie de le tuer parce que ce n'était pas convenable à l'époque».

La série en dix épisodes, programmée le 23 avril en France et le 24 aux États-Unis, lui semble «un vecteur très intéressant» pour raconter la vie «d'un tel personnage».

Il doit passer cinq heures au maquillage pour prendre l'apparence de Picasso âgé.

«Ensuite, il faut apprendre à utiliser ce masque, prendre la mesure de ces sourcils, de ce nez pour lui rendre justice», fait-il valoir.

Mais l'exacte ressemblance «n'est pas le plus grand défi», fait remarquer Antonio Banderas, «on ne cherche pas à reproduire un musée de cire».

L'exactitude historique est un des atouts de la chaîne National Geographic, relève-t-il aussi.

«Saisir sa vérité»

La plus grande difficulté, selon lui, est de «comprendre Picasso», ses choix politiques et artistiques, la nature de ses relations amicales et sentimentales.

«Il faut constamment lire entre les lignes, en essayant de saisir sa vérité: la complexité est là», explique-t-il.

La narration de la série n'est pas «chronologique», poursuit-il, précisant que la série commence par le bombardement nazi de la ville basque de Guernica, le 26 avril 1937 pour aider les troupes nationalistes espagnoles.

«Nous faisons une sorte de peinture cubiste avec des allers retours constants» dans l'existence menée par «le tout-puissant» Picasso.

Alex Rich (Glow, True Detective) incarne le peintre dans ses années de jeunesse.

«J'arrive à l'écran avant lui», confie-t-il. «Le vieux Picasso regarde sa vie dans le rétroviseur».

Le comédien est en contact avec Olivier Picasso, le petit-fils du peintre et de Marie-Thérèse Walter, dont il lit Picasso portrait intime (2013) qui paraîtra le 8 mars dans une version anglaise.

«Incarner le Picasso de Saura»

Antonio Banderas se souvient avoir dîné une fois à Los Angeles aux côtés de Paloma, la fille que Picasso a eu avec l'artiste Françoise Gilot.

«Je lui parlais en espagnol quand je me suis rendu compte qu'elle fermait les yeux», raconte-t-il, «j'ai pensé: "Oh mon dieu, je suis en train d'ennuyer cette femme!"»

Il ose alors lui dire: «Vous êtes fatiguée, je vous ennuie?».

Et Paloma de lui répondre: «Pas du tout! Quand je ferme les yeux, je vois mon père, (...) il parlait comme vous».

Picasso colle à la peau de Banderas, dont on lui a «souvent proposé le rôle». D'ailleurs, le réalisateur Carlos Saura prépare un «Picasso et Guernica» qu'il lui propose depuis quelques années et il va «peut-être finir par accepter».

«C'est une manière d'aborder Picasso complètement différente», ajoute-t-il, «il se concentre sur cette toile exceptionnelle qu'est Guernica», inspirée au peintre au lendemain du bombardement.

À travers ce tableau, un des chefs-d'oeuvre les plus connus au monde, Saura mène «une réflexion sur la guerre civile, la violence (...) il veut en faire une peinture, littéralement».