Après une mauvaise année 2016, le cinéma français a doublé la mise en 2017 à l'international en rassemblant 80,5 millions de spectateurs grâce à des locomotives comme Valérian de Luc Besson, mais aussi des films plus confidentiels comme le sanguinolant Grave.

Le nombre d'entrées pour les productions majoritairement françaises a bondi de 98% par rapport à 2016, selon les chiffres d'UniFrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français à l'étranger. Les recettes ont augmenté de 82% sur un an à 468 millions d'euros.

L'année 2016 avait été un mauvais cru, faute de blockbusters et à cause de mauvaises performances en Asie. Le nombre d'entrées était passé sous le seuil des 50 millions pour la première fois depuis plus de dix ans, tombant à 40,7 millions, selon des chiffres révisés.

«On est dépendant de gros succès qui sont de l'ordre de un ou deux chaque année, que ce soit des comédies comme Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ou Intouchables, ou les productions de Luc Besson, qu'il soit producteur ou réalisateur», a expliqué Isabelle Giordano, directrice générale d'UniFrance, à l'AFP.

En 2017, le film de science-fiction Valérian et la Cité des mille planètes a ainsi contribué à relancer la machine. Le dernier opus de Luc Besson, inspiré de la bande dessinée Valérian et Laureline, a fait moins bien qu'attendu mais a quand même attiré 30,6 millions de personnes à l'étranger, dont un tiers en Chine. Il a attiré 4,7 millions de spectateurs aux États-Unis et sur le marché anglophone du Canada et 3,2 millions en Russie. Il a aussi été vu par quatre millions de personnes en France.

À l'étranger, il a rapporté 170,9 millions d'euros, pour un budget estimé à 190 millions d'euros.

Valérian est suivi par la comédie familiale Demain tout commence, sorti en 2016 avec Omar Sy (4,8 millions de spectateurs en 2017), qui a particulièrement plu en Italie, et par le film d'action Overdrive sur des voleurs de voitures de luxe (1,9 million de spectateurs).

La quatrième place est occupée par un film d'animation, Les as de la jungle (1,2 million de spectateurs), devant Elle (900 000 spectateurs) de Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert. Sorti mi-2016, «le thriller a continué de rayonner hors de nos frontières», surtout en Italie, aux États-Unis, sur le marché anglophone du Canada et en Allemagne, souligne UniFrance.

Nouveaux marchés

De petits films ont aussi connu de beaux succès. Le film d'horreur anthropophage Grave de Julia Ducournau a fait plus d'entrées au Mexique (231 000) qu'en France (153 000) et L'insulte, sur la guerre civile libanaise (119 000 entrées), est le deuxième plus gros succès pour un film français au Liban.

Près de la moitié des films exportés (47%) sont en langue française.

«2017 montre la stabilité d'une industrie qui reste sur ses bases de deuxième exportateur mondial» après les États-Unis, s'est réjouie Isabelle Giordano, ce qu'elle explique par la qualité des films, mais aussi «le tissu très réactif de producteurs et d'exportateurs indépendants», à côté des gros groupes comme EuropaCorp, Pathé ou Gaumont.

«C'est une preuve supplémentaire de la force et de la pertinence du modèle (de financement) français que beaucoup nous envient», s'est félicitée la ministre de la Culture Françoise Nyssen, ajoutant «notre art et notre culture sont demandés dans le monde entier».

L'Europe occidentale est la zone où les productions françaises se sont le mieux exportées (30,7% de part de marché), devant l'Asie (22,9%) et l'Europe centrale et orientale (16%).

Le cinéma français conquiert aussi de «nouveaux territoires, comme la Russie et le Mexique», a encore souligné la directrice générale d'UniFrance. L'Amérique du Nord et latine représentent chacune environ 13% de part de marché. À plus long terme, l'Afrique et l'Asie du Sud-Est ont aussi du potentiel.

«2018 s'annonce prometteuse», selon Isabelle Giordano. UniFrance table sur les comédies, dont celle de Dany Boon, La Ch'tite famille ou L'extraordinaire voyage du fakir, tiré du livre L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puértolas, ou encore le livre d'animation Astérix - le secret de la potion magique pour obtenir de bons chiffres de fréquentation.