Contactée par une firme de chasseurs de têtes pas plus tard qu'hier au sujet de la direction bientôt vacante de Téléfilm Canada, l'ex-présidente de la SODEC, Monique Simard, dit songer sérieusement à présenter sa candidature.

«Je vais dîner avec Carolle Brabant [directrice sortante de Téléfilm] vendredi, dit-elle en entrevue téléphonique. On s'aime beaucoup et on a déjà bien travaillé ensemble. Comme disait mon mentor à la CSN dans le temps, Marcel Pépin: "Si tu veux être frappé, faut rester dans le trafic."»

Chose certaine, il n'est pas question pour Monique Simard de prendre sa retraite - «je suis en pleine forme et j'ai plein d'idées», ajoute-t-elle.

On souligne d'ailleurs à l'ancienne directrice du programme français de l'ONF et productrice de cinéma que son curriculum semble fait sur mesure pour qui voudrait assurer la direction de Téléfilm Canada. Elle ne le nie pas.

«Je connais super bien Téléfilm. Les sociétés d'État ont beaucoup plus d'autonomie au fédéral, mais je ne suis pas certaine de vouloir m'engager dans un nouveau mandat public.»

«Je veux travailler dans des choses que j'aime, poursuit-elle, avec des jeunes. Quand j'étais à l'ONF, mon territoire, c'était tout le Canada. Et à la SODEC, j'ai aussi travaillé systématiquement avec le Canada anglais. Je vais y penser.»

Bilan à la SODEC

Nommée à la SODEC par le gouvernement minoritaire de Pauline Marois, Monique Simard est évidemment déçue que son mandat de quatre ans n'ait pas été renouvelé par le gouvernement Couillard, mais elle refuse de commenter la situation quand on lui demande s'il s'agit, selon elle, d'une décision politique.

«Le conseil d'administration avait recommandé le renouvellement de mon mandat, mais c'est la prérogative du gouvernement de l'accepter ou non. Dans son histoire, aucun président de la SODEC n'a eu deux mandats. Je ne veux pas supputer davantage à ce sujet.»

Elle souligne d'ailleurs que les quatre dernières années n'ont pas été de tout repos à la société d'État. Pendant son mandat, elle aura connu quatre nouveaux ministres et leur cabinet, trois sous-ministres et sept sous-ministres adjoints.

«J'ai eu l'impression souvent de devoir répéter les mêmes choses. Puis, six mois après mon arrivée, j'ai eu 10 % de compressions à la SODEC.»

«Quand il a été question de s'adapter au numérique, j'ai dû faire face à un mur de résistance, poursuit-elle. Il fallait adopter un mode de fonctionnement qui est de l'ordre du changement permanent.»

Monique Simard rappelle qu'elle a dû éteindre quelques feux en arrivant à la SODEC, comme la fermeture d'Excentris et les démêlés avec le FFM. Mais elle a réussi à faire adopter des modifications pour atteindre la parité femmes-hommes dans le cinéma.

«J'ai aussi créé une direction des relations internationales à la SODEC, ce qui n'avait jamais existé. On a remis sur pied le Fonds Capital Culture Québec de 100 millions de dollars pour investir dans la production jeunesse. Et on a signé une entente-cadre avec le Centre national de la cinématographie en France.» 

Elle est surtout fière d'avoir arrimé la SODEC au grand wagon de l'avenir numérique. Ce qui s'est fait dans une conjoncture difficile, là aussi.

«C'est ma passion, avoue-t-elle. On a des firmes et des artistes numériques formidables au Québec. Depuis l'ONF, j'avais compris l'importance de ce secteur dans toutes ses formes créatrices.»