Notre journaliste dresse la liste de ses 10 longs métrages préférés de 2017.

1 - Call Me by Your Name de Luca Guadagnino (Italie)

Puisque la critique de ce film est publiée aujourd'hui même, disons simplement que Call Me by Your Name laisse une trace indélébile, et habite le coeur et l'âme, même des jours après l'avoir vu.

2 - Dunkirk de Christopher Nolan (Royaume-Uni)

Dans ce film exceptionnel, Christopher Nolan plonge le spectateur au coeur de l'opération Dynamo, au cours de laquelle, à la fin du mois de mai 1940, 338 000 soldats alliés, pris en souricière, ont été évacués de la plage de Dunkerque pour regagner la côte anglaise. Le cinéaste, au sommet de son art, raconte cet épisode de la Seconde Guerre mondiale sur trois différents niveaux de temps et d'espace, sans que jamais le fil ne se brise. Il rompt aussi avec la tradition du genre en évitant les effets racoleurs et tout excès de sentimentalisme. Il donne à son film un impact d'autant plus saisissant, qui, en plus de redéfinir les standards, redonne foi en les vertus de l'art cinématographique.

3 - Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve (États-Unis)

Le public nord-américain n'a pas été au rendez-vous autant que prévu, mais l'accomplissement de Denis Villeneuve n'en reste pas moins grand. Relevant avec brio un défi quasi impossible, du moins sur papier, le cinéaste québécois parvient à proposer un film de grande envergure dans lequel on retrouve sa griffe personnelle, sans que l'oeuvre d'origine ne soit trahie d'aucune façon. Mieux: ce nouvel opus vient même enrichir le premier long métrage. Trente-cinq ans après la sortie du film de Ridley Scott, devenu rapidement un point de référence dans le cinéma de science-fiction, la filiation entre les deux longs métrages ne pourrait être plus harmonieuse, tant sur le plan narratif que stylistique.

4 - Visages, villages d'Agnès Varda et JR (France)

Au-delà de la rencontre entre deux grands esprits imaginatifs, Agnès Varda et le photographe JR, Visages, villages est un vibrant plaidoyer pour l'art, sa pertinence, sa capacité à nourrir les âmes et à extirper la beauté dans les endroits les plus inattendus. Même si ce film a été réalisé «à quatre mains», il pourrait s'inscrire comme le dernier volet d'une trilogie autobiographique d'Agnès Varda, amorcée à l'orée du millénaire avec Les glaneurs et la glaneuse, et poursuivie avec Les plages d'Agnès. À suivre aux prochains Oscars.

5 - Frantz de François Ozon (France)

Même si la facture est plus classique et que le récit a pour cadre l'un des grands drames du début du XXe siècle, Frantz regroupe les mêmes thèmes, les mêmes préoccupations qu'on retrouve habituellement dans le cinéma de François Ozon. Ce film, en grande partie en noir et blanc et en langue allemande, est aussi modulé par les pulsions qui poussent le cinéaste à scruter les parties plus fantasmées de l'existence. Se maintenant toujours en équilibre, Ozon développe cette histoire en plaçant quelques indices qui peuvent - ou pas - entraîner le spectateur sur de fausses pistes. Mais au-delà de la connotation historique, Ozon propose avant tout le portrait d'une jeune femme qui devra apprendre à remettre les compteurs de sa vie à zéro. Et c'est très beau.

6 - Three Billboards Outside Ebbing, Missouri de Martin McDonagh (États-Unis)

Oui, Frances McDormand mérite tous les éloges, de même que Woody Harrelson et Sam Rockwell. Mais la réussite de Three Billboards Outside Ebbing, Missouri réside tout autant dans le talent de dramaturge et de cinéaste de Martin McDonagh (In BrugesSeven Psychopats). À partir d'un point de départ, déjà très fort (une femme prend tous les moyens pour rappeler aux autorités le meurtre non élucidé de sa fille), ce dernier entraîne le spectateur dans un univers où toutes les idées reçues sont détournées, au profit d'un portrait beaucoup plus complexe que prévu, duquel émane un humour aussi grinçant que jouissif.

Photo fournie par MK2 | Mile End

Une scène de Visages, villages, un film d'Agnès Varda et JR

7 - 120 battements par minute de Robin Campillo (France)

C'est une histoire d'un autre temps qui, d'une certaine manière, nous parle d'aujourd'hui. En replongeant dans ses années de militantisme du début des années 90, pendant la crise du sida, Robin Campillo propose un portrait aussi émouvant que saisissant, qui interpelle du même coup le spectateur sur les vertus de l'action sociale. Le récit bascule du social à l'intime sans jamais perdre de vue sa vision d'ensemble ni céder à la tentation de verser dans le sentimentalisme, bien que ce film, tel qu'en lui-même, soit totalement bouleversant.

8 - The Square de Ruben Östlund (Suède)

Que voilà une oeuvre caustique et puissante, qui oblige le spectateur à s'interroger sur le tiraillement entre des valeurs qu'on veut nobles et la simple expression de la nature humaine. De la même manière qu'il explorait la lâcheté d'un père de famille qui a instinctivement pris ses jambes à son cou sans s'occuper des siens lors d'une avalanche dans Force majeure, Ruben Östlund confronte de nouveau son personnage principal - un conservateur de musée d'art contemporain - à ses contradictions.

9 - Les affamés de Robin Aubert (Québec)

Métaphore de toutes les fractures qui scindent le tissu social, Les affamés assume parfaitement son genre de film «de zombies», sans toutefois tomber dans la complaisance. Les dialogues et les situations sont aussi ponctués de touches d'humour noir qui font souvent mouche, et d'idées surprenantes, notamment ces structures que construisent les zombies sans qu'on ne sache trop ce qu'elles signifient. Et puis, Robin Aubert a aussi placé au centre de son histoire une galerie de personnages féminins forts, issus de toutes les générations.

10 - Ma vie de Courgette de Claude Barras (Suisse)

Véritable ode à la solidarité, à l'amitié, à la résilience, Ma vie de Courgette est un film peuplé de marionnettes aux yeux expressifs, que Claude Barras a filmées image par image, selon la technique de l'animation stop motion. Empruntant toujours la perspective des petits «poqués» qui, tout comme le petit garçon surnommé Courgette, doivent se reconstruire dans un foyer d'accueil, le cinéaste fait écho à la dure réalité de la vie, tout en orchestrant une oeuvre tonique et résiliente, traversée d'une formidable émotion.

Magnolia Pictures 

The Square