Même si le visionnement de films sur différentes plateformes a connu une ascension fulgurante au cours des récentes années, les catalogues des Netflix, iTunes et illico de ce monde restent d'une navrante pauvreté en ce qui a trait au cinéma international. Nous conseillons d'ailleurs aux cinéphiles de ne pas se débarrasser de leurs lecteurs Blu-ray et DVD trop vite...

La façon de «consommer» les films de cinéma s'est radicalement transformée au cours des récentes années. Certains spectateurs ne jurent plus que par le visionnement en flux continu (streaming) et trouvent même un peu ridicules les «dinosaures» qui enrichissent encore leur collection de longs métrages en Blu-ray et en DVD.

Ces cinéphiles vintage leur répondront que, de la même manière qu'il serait impensable pour un amoureux de littérature de brûler sa bibliothèque, ils tiennent à leur collection d'oeuvres cinématographiques comme à la prunelle de leurs yeux. Et la conserveront du mieux qu'ils le peuvent.

Et puis, avez-vous déjà essayé de chercher des titres phares de la cinématographie mondiale - autres qu'américains - sur différentes plateformes ? Chez Netflix Canada, c'est le désert. Chez illico, le cinéma autre que hollywoodien existe surtout grâce à Éléphant - mémoire du cinéma québécois (dont les titres se retrouvent aussi sur iTunes). iTunes propose bien quelques titres, mais on reste quand même loin du compte. Tou.tv propose probablement le catalogue le plus riche sur ce plan, avec des vieux films de Godard, Tavernier, Téchiné. On retrouve là des titres qu'on ne retrouve pas ailleurs.

Un marché en déclin

Nul n'est pourtant besoin de consulter les statistiques pour constater à quel point le marché des DVD et, dans une moindre mesure, du Blu-ray est en déclin. Mathieu Daoust, qui a dirigé de main de maître pendant une dizaine d'années le site spécialisé dvdenfrançais.com, a dû se résoudre à fermer partiellement une partie de ses activités récemment. 

«L'information devient de plus en plus difficile à obtenir de la part des différents distributeurs, explique-t-il. Je ne crois tout de même pas que tout cela soit appelé à disparaître, car le Blu-ray et le 4K UHD continueront d'intéresser une clientèle plus nichée. Sur le plan technique, rien ne peut surclasser le 4K UHD à mon avis, mais on trouve presque seulement des superproductions hollywoodiennes dans ce format.»

«En France, on n'hésite pas à proposer de grands classiques comme La traversée de Paris en Blu-ray, mais notre marché est beaucoup trop petit pour ça.»

Considérant la difficulté de rentabiliser un investissement sur le marché québécois, il n'est d'ailleurs plus inhabituel de voir des distributeurs québécois offrir des titres internationaux - Le fils de Jean, par exemple - directement sur des plateformes, sans produire de DVD ou de Blu-ray.

À ce titre, les plus récentes statistiques publiées dans une étude de Téléfilm Canada, à paraître dans quelques jours, sont assez éloquentes. On y indique qu'il reste 29 % de Canadiens qui regardent toujours des films en action réelle sur DVD ou en Blu-ray. Il y a deux ans à peine, ce chiffre s'élevait à près de 60 %...