Téléfilm Canada veut s'assurer de joindre le public canadien là où il consomme son contenu culturel. Et selon une récente étude menée par l'organisme fédéral, ce sont Netflix et YouTube qui sont les plateformes les plus largement utilisées pour regarder des films et des téléséries en ligne.

Ainsi, 77 pour cent des répondants de l'étude, dont La Presse canadienne a obtenu une copie, ont indiqué utiliser un service d'abonnement pour consommer des films non animés, tandis que 60 pour cent se sont tournés vers ce même type de services pour regarder des émissions télévisées non-animées.

Parmi les plateformes utilisées pour regarder des courts ou longs métrages en action réelle, 61 pour cent des répondants ont cité Netflix, et 19 pour cent ont nommé YouTube.

Les deux plateformes sont aussi largement préférées pour la consommation de séries télévisées.

Les ordinateurs, tablettes et téléphones intelligents ont été utilisés par 58 pour cent des répondants pour la consommation de films non animés et par 70 pour cent pour les films d'animation.

«Téléfilm veut atteindre les audiences à l'endroit où ils consomment afin de pouvoir utiliser nos dollars promotionnels de la meilleure façon possible», explique la directrice de la promotion nationale et des communications chez Téléfilm Canada, Francesca Accinelli.

Mme Accinelli a été très heureuse de constater que les participants à l'étude se sont majoritairement dits intéressés par le cinéma canadien, 65 pour cent d'entre eux ayant répondu par l'affirmative lorsqu'on leur a posé une question en ce sens. Il s'agit d'une hausse de quatre points de pourcentage comparativement à l'an dernier.

Perception et consommation

Mais il est facile de dire oui lorsqu'un sondeur demande si le cinéma canadien nous intéresse. Encore faut-il que cela se traduise par une consommation de ces films. Or l'étude indique qu'un peu plus de la moitié seulement des Canadiens, soit 53 pour cent, ont regardé au moins un film canadien dans la dernière année. Il s'agit tout de même d'une hausse de cinq points de pourcentage comparativement à 2016, mais Mme Accinelli admet que Téléfilm aimerait voir ce résultat augmenter.

La directrice souhaite également améliorer les connaissances des Canadiens envers leur cinéma, puisque seuls 54 pour cent d'entre eux ont pu nommer un film canadien, selon les données recueillies.

«Souvent, et vous l'avez peut-être constaté pour ce qui est des séries et films canadiens, la stratégie des distributeurs et de les promouvoir comme étant de bons contenus. Ils ne les présenteront pas comme étant canadiens parce qu'ils souhaitent demeurer compétitifs sur le marché. Il y a cette perception voulant que si on les présente comme étant canadiens, ils ne fonctionneront pas aussi bien», confie-t-elle.

«Si l'on s'appuie sur le sondage, 78 pour cent des Canadiens sont fiers d'apprendre (qu'un film) est canadien. Nous devons repositionner la façon donc nous en faisons la promotion. Parce que pour moi, le sondage démontre que les Canadiens veulent consommer du contenu canadien, ils veulent savoir que c'est canadien.»

Déclin côté québécois

Si l'intérêt des Canadiens envers les films tournés au pays a connu une légère hausse, le contraire se produit lorsqu'il est question de films québécois. Cinquante-sept pour cent des répondants québécois au sondage se sont dits intéressés par le cinéma de la province, une baisse de quatre points de pourcentage comparativement à 2016.

Mme Accinelli ne pouvait expliquer ce résultat, mais affirme qu'il faudra surveiller la situation afin de voir s'il s'agit d'une tendance ou d'un simple soubresaut.

Point positif, toutefois, lorsqu'on a demandé aux participants quel était le film canadien qu'ils avaient regardé le plus récemment, trois films québécois se sont retrouvés parmi les cinq les plus souvent cités, soit Bon Cop, Bad Cop, Votez Bougon et Mommy.

Téléfilm Canada vise maintenant à s'assurer que les Canadiens voient le contenu d'ici, qu'ils soient conscients que ce qu'ils regardent a été fait au Canada et qu'ils continuent de percevoir positivement le fait qu'une oeuvre ait été créée en sol canadien.

Mme Accinelli donne comme exemple un récent partenariat avec le Fonds canadien des médias pour la création de sa chaîne «Encore+», sur YouTube, qui propose depuis la semaine dernière des centaines de séries télévisées et de films dans les deux langues officielles, par exemple Cornemuse, Degrassi, La Petite Vie, Le Vieil Homme et la Mer, Moi et l'autre, Maman Last Call ou Watatatow.

Téléfilm souhaite de cette façon encourager les Canadiens à consommer le contenu offert, puis à revenir sur la plateforme pour voir ce qui y a été ajouté. L'organisme laissera toutefois à l'industrie le soin de décider si elle souhaite suivre la même voie et privilégier les nouvelles plateformes.

«Je crois qu'en général, c'est à l'industrie de décider si elle veut ou non être sur ces plateformes, mais ce qui est clair, pour nous, d'après le sondage, c'est que nous devons nous assurer que les Canadiens peuvent accéder au contenu canadien sur toutes les plateformes qu'ils utilisent», conclut Mme Accinelli.

Méthodologie

L'étude de Téléfilm Canada s'appuie sur un sondage en ligne mené par la firme Nielsen auprès de Canadiens âgés de 15 ans et plus. Le sondage a été réalisé entre le 2 et le 18 mai 2017 auprès d'un total de 3009 Canadiens.