Deux Femen ont fait irruption lundi soir dans la Cinémathèque de Paris, protestant comme quelques dizaines de personnes contre la rétrospective consacrée au réalisateur franco-polonais Roman Polanski, accusé par plusieurs femmes d'agressions sexuelles.

«Pas d'honneur pour les violeurs» ont-elles scandé au passage de Roman Polanski, 84 ans, venu présenter son dernier film «D'après une histoire vraie», pour lancer cette rétrospective de son oeuvre, prévue jusqu'à début décembre.

Les deux femmes, portant dans le dos l'inscription «Very Important Pedocriminal» ont été rapidement évacuées de la Cinémathèque et ont continué à manifester à l'extérieur du bâtiment.

«Apprécier un artiste ne signifie pas taire ses crimes!», a souligné Sanaa Beka, venue manifester avec quelques dizaines de personnes, à l'appel d'associations féministes dénonçant un timing «indécent» après l'affaire Weinstein et les révélations sur le harcèlement sexuel subi par de nombreuses femmes, dont l'actrice Eva Green, à l'affiche du film de Polanski.

«Si violer est un art, donnez à Polanski tous les Césars», pouvait-on lire lundi soir sur les banderoles s'affichant devant l'institution culturelle, tandis que des manifestants - beaucoup de femmes et quelques hommes- scandaient «Assez de ceux qui veulent protéger les agresseurs».

«C'est important d'être là pour dénoncer les hommes de pouvoir qui se protègent les uns les autres», a déclaré Anne-Laure El Ghozi, du collectif La Barbe.

Sous la pression de féministes, Roman Polanski avait dû en début d'année renoncer à présider la cérémonie des César, décernés chaque année en France par les professionnels du cinéma.

«Pour nous, l'important c'est d'annuler la rétrospective, d'avoir des excuses de la Cinémathèque et une prise de conscience», avait affirmé à l'AFP la porte-parole du groupe «Osez le féminisme», Raphaëlle Rémy-Leleu, en amont des manifestations.

«Il y a quelque chose de très malsain dans le fait de traiter les violences (faites aux femmes) par rapport aux qualités et aux défauts de l'agresseur et non pas par rapport à la dignité et à l'accès au droit des victimes», avait-elle souligné.