Le nouveau Star Wars côté blockbusters américains, Star 80 la suite ou Coexister parmi les comédies françaises promettent une fin d'année faste pour les cinémas, après un cru 2016 déjà exceptionnel.

Neuf heures de projection pour découvrir près de 300 films qui sortiront dans les prochains mois: jeudi, les exploitants de cinémas, réunis en congrès à Deauville, se sont livrés à leur marathon annuel, avec 30 distributeurs venus leur présenter bandes-annonces et extraits des longs métrages qu'ils ont dans leurs cartons.

La journée des distributeurs, point d'orgue du congrès de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), «est importante car elle permet d'avoir un aperçu des sorties sur six mois, voire sur un an pour les plus gros films», explique Eva Letzgus, exploitante d'une salle à Strasbourg et une autre à Dorlisheim, dans le Bas-Rhin.

«C'est un indicateur sur la santé du secteur», renchérit Victor Hadida, président de la Fédération nationale des distributeurs de films (FNDF).

En 2016, le cinéma s'est très bien porté en France, avec 213 millions d'entrées. Un tel niveau de fréquentation n'avait plus été atteint depuis 2011, année de sortie d'Intouchables, et représente la troisième meilleure année depuis 50 ans.

Avec 138 millions d'entrées sur les huit premiers mois, 2017 s'annonce dans la même veine. «On est pour l'instant sur une tendance à 215, 216 millions d'entrées», estime Richard Patry, président de la FNCF, mais «tout va se jouer au mois de décembre».

La comédie d'Alain Chabat, Santa & cie, Star 80 la suite, le long métrage d'animation Paddington 2, le dernier Star Wars, la comédie Momo avec Christian Clavier, ou encore La promesse de l'aube avec Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg, sont programmés pour la fin de l'année.



Coups de coeur


Plus largement, le dernier trimestre pèse lourd en terme de fréquentation dans les salles. Et 2017 ne déroge pas à la règle, ce qui n'est pas sans compliquer le travail des exploitants.

«On ne pourra pas absorber toutes les sorties», regrette Laurent Coët, qui exploite un cinéma à Saint-Pol-sur-Ternoise doté d'un écran unique.

Même pour des groupes plus importants, la concentration des sorties de films sur certaines périodes de l'année est un casse-tête.

«On va avoir des problèmes de programmation certaines semaines», s'inquiète David Baudry, responsable programmation chez CGR cinéma, qui regroupe une cinquantaine de cinémas répartis sur tout le territoire, avec 500 écrans.

Pour autant, tous se réjouissent de l'abondance et de la diversité des films dont ils ont eu un aperçu, qui contribuent à attirer les spectateurs dans les salles obscures.

Maintenir le niveau de fréquentation, voire l'augmenter, «ce n'est pas seulement important, c'est primordial», souligne Cédric Aubry, qui gère plusieurs salles à Sens ou Bar-le-Duc. De nombreux exploitants, surtout de petite et moyenne taille, ont beaucoup investi pour passer du 35 millimètres au numérique ou donner un coup de jeune à leurs établissements.

«Les salles rénovées dopent la fréquentation», se réjouit M. Aubry. Mais «le revers de la médaille, c'est que certains sont endettés, parfois au-delà du raisonnable», et ne pourraient pas encaisser une baisse des entrées et de leur chiffre d'affaires.

Au-delà des grandes sorties programmées, les exploitants sont aussi venus à Deauville dans l'espoir de se laisser surprendre et de découvrir de petites pépites.

Pour Laurent Coët, il s'agit de «Mala junta», sur un adolescent rebelle chilien, dont il pense proposer des projections à des collèges.

David Baudry a eu des coups de coeur pour Première année, de Thomas Lilti, sur la sélection impitoyable des étudiants en médecine, un documentaire sur la chanteuse mexicaine Chavela Vargas ou encore le très sombre A beautiful day.

«Notre cinéma est fait de ça», de cet éclectisme, apprécie-t-il, avec plus de 700 films inédits sortis en 2016.