Lancée au début du mois d'août et d'abord prévue jusqu'au 3 septembre, la programmation des Films de ma vie se prolongera jusqu'au 10 décembre au Théâtre Outremont.

«C'est fabuleux! Une expérience inoubliable! se réjouit le directeur général et artistique, Raymond Cloutier. Nous sommes tout à fait surpris par la réponse du public. Les meilleurs jours, nous attirions jusqu'à 500 personnes par jour de projection.»

Résultat, l'Outremont programmera des projections de films, cultes et grands classiques, chaque soir où la grande salle de l'avenue Bernard ne sera pas monopolisée par un spectacle. À cela s'ajoutera une programmation spéciale axée sur trois thèmes, du 20 décembre au 7 janvier.

Sauf exception, les films qui seront présentés cet automne ne seront pas les mêmes que ceux vus cet été. On verra, par exemple, Hôtel du Nord de Marcel Carné, Mort à Venise de Luchino Visconti, La haine de Mathieu Kassovitz, Pulp Fiction de Tarantino.

«Durant toutes les vacances de Noël, nous programmerons, en après-midi, un festival de films d'animation en provenance du fameux studio japonais Ghibli, poursuit M. Cloutier. En fin de journée, nous mettrons sur pied un festival de films de Jeanne Moreau. Et le soir, ce seront des films musicaux, très rock'n'roll.»

L'événement Les films de ma vie a été créé par l'ancien propriétaire de l'Outremont, Roland Smith, à la demande de M. Cloutier. Une fois une première liste de titres ébauchée, M. Smith a voyagé pour retrouver des copies de bonne qualité et négocier les droits.

«Une chance que Roland est là, dit M. Cloutier. C'est notre fouineur en chef.»

Quant au principal intéressé, il est tout aussi heureux de la réponse du public.

«Je suis heureux de voir que la série a attiré des mordus de classiques, que ce soient les titres connus ou méconnus, nous dit Roland Smith. J'aurais toutefois aimé qu'il y ait plus de jeunes. Il est devenu tellement difficile de les attirer au cinéma. C'est rendu qu'ils regardent le dernier film Marvel sur leur portable. Cela en dit long sur l'éducation cinématographique qui fait pitié au Québec.»

«La télévision ne nous aide pas en ne présentant que des versions doublées. Il fait montrer les films en version originale avec sous-titres français. C'est ce que nous faisons avec la série de l'Outremont.»

Cela dit, M. Smith est particulièrement fier de programmer la grande fresque 1900 de Bernardo Bertolucci qui sera présentée en deux soirées et dont il a retrouvé une copie à Paris. «J'ai hâte de la montrer. Ça doit faire 20, 30 ans que cette oeuvre n'a pas été vue au Québec», s'enthousiasme le programmateur.

Si certains films (Jules et JimLes quatre cents coupsLa dolce vita) ont attiré un grand public, d'autres ont inévitablement été moins fédérateurs. Raymond Cloutier pense par exemple à Jonathan Livingston le goéland ou François et le chemin du soleil. «Ils ont mal vieilli, constate le patron de l'Outremont. Pour la suite des choses, nous allons viser les hauts standards.»

On pourra notamment revoir cet automne Les bons débarras de Francis Mankiewicz, d'après un scénario de Réjean Ducharme. Par un curieux hasard, ce film inscrit à la programmation estivale a été projeté le 23 août, deux jours après la mort de Ducharme. M. Cloutier estime qu'il allait de soi qu'on le présente de nouveau.

photo andré pichette, la presse

Les cinéphiles lors de la projection de No Place on Earth, mardi dernier