Du mont Royal aux quartiers populaires, du Stade olympique au Mile End, en passant par l'échangeur Turcot, le Vieux-Port, l'édifice de la Caisse de dépôt et le square Saint-Louis, Montréal et ses attributs sont très souvent devenus personnages de cinéma. Que ce soit dans les films d'ici ou d'ailleurs, la ville a joué son propre rôle ou a servi de doublure pour New York, Paris et d'autres cités du monde. Moteur!

Montréal dans les films d'ici

Depuis l'émergence du cinéma direct au Québec dans les années 60, Montréal a été filmé sous tous les angles, en noir et blanc comme en couleurs, dans le documentaire comme dans les longs métrage de fiction. En voici 10 exemples échelonnés de 1962 à 2016.

La vie heureuse de Léopold Z de Gilles Carle (1965)

Sorti en 1965, ce film raconte l'histoire d'un Montréalais francophone qui, à la veille de Noël, est déchiré entre le travail et la famille. Montréal y est magnifiquement filmé sous la neige, de ses quartiers populaires jusqu'à l'oratoire Saint-Joseph, en passant par l'échangeur Turcot.

À Saint-Henri le cinq septembre d'Hubert Aquin (1962)

Inspiré du roman Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy, ce documentaire dont les images, captées par plusieurs grands noms du cinéma québécois, ont été entièrement tournées le 5 septembre 1962 relate 24 heures dans la vie de ce quartier ouvrier soumis à un long déclin économique inhérent à la fermeture des tanneries.

Jésus de Montréal de Denys Arcand (1989) 

Denys Arcand faisait déjà quelques clins d'oeil au mont Royal dans Le déclin de l'empire américain. Dans Jésus de Montréal, il met la montagne en valeur avec, entre autres, une scène sur le belvédère d'où la vue fait depuis longtemps la joie des Montréalais et des touristes.

L'apprentissage de Duddy Kravitz de Tod Kotcheff (1974)

Le réalisateur torontois Tod Kotcheff nous fait visiter le Mile End dans ce film adapté du roman de Mordecai Richler, où Micheline Lanctôt donne la réplique à Richard Dreyfuss. La scène d'ouverture nous fait voir la caserne de pompiers auxiliaires (5100, boulevard Saint-Laurent) et la boulangerie Fairmount Bagel. Quelques minutes plus tard, une scène a lieu chez Wilensky.

Montréal la blanche de Bachir Bensaddek (2016)

Tourné presque entièrement de nuit, ce road movie montréalais narre la rencontre entre Amokrane et Kahina, deux Algériens d'origine qui revivent des blessures du passé et ont des visions différentes de leur place dans leur ville d'adoption. Plusieurs scènes extérieures sont tournées dans les rues de la ville, dont une arrivée en taxi face au terminus d'autocars, rue Berri.

Eldorado de Charles Binamé (1995)

Le deuxième long métrage de Charles Binamé met en scène six trentenaires en quête d'identité dans un Montréal bouillonnant sous la chaleur estivale. Plusieurs scènes ont été tournées aux mythiques Foufounes Électriques, et on se souvient de ce passage où Pascale Bussières, juchée sur un toit, brandit un morceau de tissu au vent avec le centre-ville en arrière-plan.

Le ring d'Anaïs Barbeau-Lavalette (2007)

Campé au coeur d'Hochelaga-Maisonneuve, ce film scénarisé par Renée Beaulieu nous fait voir, en dépit de son âpreté, de très beaux plans de ce quartier moins nanti. Il s'intéresse aussi à une réalité toute montréalaise: les matchs de lutte dans des lieux glauques et enfumés. On y découvre deux jeunes acteurs de talent: Maxime Desjardins-Tremblay et Julianne Côté.

Tu as crié: Let Me Go d'Anne Claire Poirier (1997)

Tourné comme un cri du coeur à la suite de la mort violente de Yanne, fille de la cinéaste, ce film de 1996 nous entraîne dans les rues de Montréal sans distinction de quartiers. «La drogue ne respecte pas la frontière des classes», narre Mme Poirier dans un plan-séquence faisant un passage entre des quartiers pauvres et des maisons cossues d'Outremont.

Bon Cop, Bad Cop d'Érik Canuel (2006)

Qui de mieux que Ron Fournier à la barre de son émission de radio pour nous introduire à Montréal et au Québec? C'est ainsi que commence l'opus 1 de Bon Cop, Bad Cop, où la ville est filmée sous tous les angles. On se rappellera notamment la scène finale tournée dans le port de Montréal avec tout le centre-ville en arrière-plan.

Les ordres de Michel Brault (1974)

Pour son inestimable valeur historique, pour rappeler le climat régnant dans les rues de Montréal au moment de la crise d'Octobre, le film de Michel Brault est incontournable. En suivant les pas de Clermont Boudreau (magnifique Jean Lapointe), on découvre le Montréal des prisons et de la répression policière.

PHOTO PIERRE DURY, COLLECTION CINÉMATHÈQUE QUÉBÉCOISE

Eldorado

Montréal dans les films d'ailleurs

À l'occasion, Montréal joue son propre rôle dans des films étrangers. Sauriez-vous identifier les cinq longs métrages de notre quiz?

Question 1: Dans quel film de Jean-François Richet, consacré à un célèbre criminel français, Vincent Cassel et Roy Dupuis se donnent-ils la réplique?

Réponse: Mesrine: l'instinct de mort. On y distingue bien le centre-ville montréalais.

Question 2: Ce film adapté d'un roman de Yann Martel a permis au cinéaste Ang Lee de décrocher l'Oscar de la meilleure réalisation en 2013. Quel est-il?

Réponse: Histoire de Pi. Les deux personnages principaux se promènent dans le Vieux-Port.

Question 3: Bruce Willis et Matthew Perry partagent la vedette de cette «comédie criminelle» dans laquelle un dentiste de Chicago établi à Montréal a pour voisin un tueur à gages. De quel film s'agit-il?

Réponse: The Whole Nine Yard de Jonathan Lynn. Des scènes ont entre autres été tournées sur le belvédère du mont Royal.

Question 4: Dans quel film de Wim Wenders voit-on James Franco et Marie-Josée Croze assister à un concert au Théâtre Outremont?

Réponse: Everything Will Be Fine, qui mettait en vedette James Franco et Marie-Josée Croze.

Question 5: Dans cette comédie loufoque, Will Ferrell patine sur le fleuve Saint-Laurent, du Vieux-Port jusqu'au Stade olympique. Son titre?

Réponse: Blades of Glory de Josh Gordon et Will Speck. Montréal y est la ville hôte d'un championnat mondial de patinage artistique.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

À proximité du plateau de tournage montréalais de Story of Your Life, de Denis Villeneuve, qui a pris l'affiche sous le nom d'Arrival.

Montréal ville caméléon

Elle a tantôt été Paris, tantôt New York, tantôt Berlin et parfois même une ville inconnue qu'on a située dans une période post-apocalyptique. Avec ses attributs architecturaux empruntés autant à l'Europe qu'à l'Amérique, Montréal a souvent personnifié une autre ville sur grand écran.

Brooklyn de John Crowley (2015)

Cette coproduction où le Québec a une participation minoritaire (Item 7) met en vedette Saoirse Ronan dans le rôle d'une jeune Irlandaise qui, le coeur lourd, quitte son pays pour Brooklyn. Plusieurs scènes ont été tournées dans le Vieux-Montréal et le port. Yves Bélanger signe la direction photo.

Pawn Sacrifice d'Edward Zwick (2014)

Le carré Saint-Louis devient un parc de Brooklyn dans ce long métrage relatant la carrière météorique de Bobby Fischer, considéré comme le plus grand joueur d'échecs des années 70 à la suite de sa victoire contre Boris Spassky. D'autres scènes sont tournées devant le pavillon Roger-Gaudry (principal) de l'Université de Montréal.

Race de Stephen Hopkins (2016)

Race est une coproduction dans laquelle plusieurs lieux de Montréal symbolisent Berlin et New York. Le film raconte l'histoire de Jesse Owens, athlète américain noir qui a dominé les Jeux olympiques de Berlin de 1936 en remportant quatre médailles d'or. On remarque des scènes dans le Vieux-Montréal, notamment sur les quais du Vieux-Port et à l'ombre du silo no 5.

Warm Bodies de Jonathan Levine (2013)

Si l'ancienne aérogare de Mirabel et le Stade olympique servent de décors à ce long métrage américain à mi-chemin entre comédie romantique et film de zombies, le centre-ville y est reconnaissable dans des prises de vues aériennes. Montréal tient lieu de ville fortifiée (elle est entourée d'un haut mur anti-zombies) post-apocalyptique.

Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (1984)

À travers le personnage de David Noodles Aaronson (Robert de Niro), ce film raconte l'avènement du crime organisé à New York au XXe siècle. Les rues Saint-Pierre, Le Moyne et Sainte-Hélène du Vieux-Montréal ont servi de décors. On y voit aussi l'entrée de la prison de Bordeaux et le pavillon Athanase-David de l'UQAM.

Photo Kerry Brown/Fox Searchlight via AP

Saoirse Ronan joue le rôle d'Eilis Lacey dans le film Brooklyn.

X-Men: Days of Future Past de Bryan Singer (2014)

L'hôtel de ville de Montréal devient le siège de la Conférence de Paris, consacrée à la fin de la guerre au Viêtnam, dans cette oeuvre de superhéros tournée à Montréal mais aussi à Vaudreuil au bord du lac des Deux-Montagnes. Si on est attentif, il est facile de reconnaître les abords de l'hôtel de ville donnant sur la place Vauquelin.

Quintet de Robert Altman (1979)

En raison de leur aspect futuriste - du moins, à l'époque -, les anciennes infrastructures d'Expo 67 ont parfois été utilisées comme décor de cinéma, comme dans le film post-apocalyptique Quintet de Robert Altman (1979). Une des scènes nous montre les personnages d'Essex (Paul Newman) et Vivia (Brigitte Fossey) longeant la carcasse de l'Expo-Express.

Beastly de Daniel Barnz (2011)

Très librement inspiré de La belle et la bête, ce film a été entièrement tourné à Montréal. Mettant en vedette Vanessa Hudgens et Alex Pettyfer, l'histoire est campée à New York. Le grand atrium de l'édifice Jacques-Parizeau de la Caisse de dépôt et placement du Québec sert de décor à l'école secondaire fréquentée par les deux personnages principaux.

Get Smart de Peter Segal (2008)

Une des scènes les plus spectaculaires de cette comédie d'action mettant en vedette Steve Carell et Anne Hathaway se déroule en façade du pavillon des arts de l'Université McGill qu'un bolide traverse de l'intérieur vers l'extérieur. Le campus de McGill a aussi accueilli les productions des films Brooklyn, X-Men et Warm Bodies.

Arrival de Denis Villeneuve (2016)

Terminons en étant chauvin. Denis Villeneuve a souhaité tourner Arrival au Québec, ce qui fut fait. Et cela donne des (courtes) scènes mettant en vedette la linguiste Louise Banks (Amy Adams) sur le campus de l'Université de Montréal et au Piano Nobile (salle Wilfrid-Pelletier) de la Place des Arts.

photo Alan Markfield, fournie par fox

Patrick Stewart et Bryan Singer sur le plateau de X-Men: Days of Future Past